BEN, ( Benjamin Vautier, dt )

né le 18 juillet 1935 à Naples, Italie; père immigré suisse, fils lui-même de Benjamin Vautier, peintre apprécié du XIXe siècle ; 1939, gagne Smyrne avec sa mère divorcée ; 1945, arrive à Alexandrie (Égypte) ; 1947-1948, séjourne en Suisse ; 1949, se fixe à Nice ; 1955-1973, il y ouvre une boutique de 3 x 3 m, 32, rue Tondutti-de-l'Escarène; il y vend des disques d'occasion, qu'il décore de manière saugrenue, il y tient salon et devient, petit à petit, le maître à penser de l'école de Nice*; 1960, rencontre Maciunas*; 1963, patronne Fluxus* à Nice; 1980, invente l'expression Figuration libre*; vit à Nice.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Peintre

Présentation : Il débute en 1957 avec des actions* radicales ; il passe quinze jours dans la vitrine de la galerie One à Londres, (1962). En 1958, il présente des "bananes", trait noir de boomerang sur des fonds les plus divers, mais aussi ses vomissures sur toiles, ayant découvert qu'il suffisait de signer pour faire oeuvre d'art. C'est ainsi qu'il s'approprie, en 1960, les chiffons de Duchamp*, les emballages de Christo*, les accumulations d'Arman*, les monochromes de Klein* ; il signe. Il signe un flacon d'eau sale, une vitre, la lumière-ampoule.
Il est, à compter de 1960 environ, une sorte de facteur Cheval de la peinture à trois dimensions, un lit, un coffre, un juke-box, tout est prétexte à transformation, tout devient pièce pour un musée des horreurs du temps présent qui permet à l'imaginaire du public de gamberger à la suite de celui de l'artiste. Il n'écarte ni la pornographie ni la scatologie, mais ce qui domine, c'est l'articulation d'objets triviaux en constructions démentes; il cousine avec Spoerri*. Un certain Nouveau réalisme*, en somme, et un goût prononcé pour le happening*. En 1962, à la foire d'art des Misfits de Londres, il siège, comme les prostituées d'Amsterdam, derrière une vitre dans sa chambre (et recommence en 2002, chez Lara Vincy, sous le titre Le Penseur de Rodin'). C'est  La Fenêtre de Ben, (1962, WAC). En même temps, il crée la dérision en montrant une balle de ping-pong sur laquelle il écrit Dieu, (1962, MNAM), au centre d'un cadre à la hollandaise peint en noir.
Boutique à l'origine, son magasin est démonté et acheté par le musée d'Art moderne de Paris en 1975, puis pastiché pour le musée d'Art moderne et contemporain de Nice, en 1990-1991. Sainte Rita protégez Nice, (1994), installation ironique marquée de toutes les suppliques libérez les femmes ou libérez les basques. On a une lointaine réminiscencce de Duxhamp* avec Ma Boîte à fantasmes, (1966-1993), qui rassemble dans une valise les menus objets qui lui trottent en tête.
Il est surtout connu pour ses inscriptions banales, se hissant parfois jusqu'à l'aphorisme, peintes sans recherche, puis, à compter de 1957, d'un graphisme moulé caractéristique, blanc sur tableau noir, les points sus les i constitutés d'un petit anneau, emportant truismes, sophismes, calembours s'y succèdent. Il est pourtant plus que ceci ne laisse soupçonner : lorsqu'un ensemble de ces stèles se trouve rassemblé, une philosophie sarcastique et bon enfant, moins plate qu'il n'y paraît, s'en dégage, qui est sans doute une "conceptualisation"* de l'art contemporain, Garderem lo moral, (1983, FRAC-PACA). Se rapprochant du tableau de chevalet (et de Kitaj*), La Culture de la femme, (1985, MAMVP), présente quatre silhouettes humaines bricolées d'accumulations hétéroclites, portant une femme allongée, le tout agrémenté de slogans simplistes, pour épater le bourgeois. J'ai rêvé, (1985), vaste installation* d'un lit devant une toile de 2,50 x 7,50 m, trace une hydre dont les membres sont le support de commentaires, entourant des images et objets divers et dont les textes ont été actualisés, au gré de la crise du Golfe de 1990. C'est un retour à la troisième dimension, à l'esprit boutique, qu'il développe dans de vastes tableaux-reliefs, accumulant les objets-puces et les slogans plats. Le Titanic, (1992, FNAC) allégorise sur la crise de l'art, chaque passager sombrant incarnant un peintre ou un galeriste qui commente en bulles.Il se veut moraliste, avec ses tableaux ethnistes de 1970 à 1995, défendant la coexistence des cultures, avec Europe, (1993, 20J.), dont l'essentiel, dans un diptyque ouvert à angle aigu, consiste en cinq globes terrestres et des horloges diverses indiquant les heures des continents, ou Tour de Babel, (1994).
En 1993, il décore un autobus bruxellois ;   en 2007, il prêt'e sa voix aux tramways niçois. Il retrouve des accents métaphysiques dans son installation Ils se sont tous suicidés, (2008), galerie de douze photographies récupérées, sous lesquelles un cartel pend, rendant compte des circonstances du suicide ; ou  Difficile d'être un autre que moi , (2003). En outre deux grandes déclarations La Mort est simple et  La Mort est partout. Un conceptualiste* rigolo, voire tragique, venu de Fluxus et de Dada*, doté d'un ego qui va jusqu'à se nourrir de son autocritique.

Expositions : 1960, Laboratoire 32, Nice ; 1970, 2009, David Templon, Paris ; 1977, Lara Vincy, Paris, (G) ; 1983, dix galeries parisiennes simultanément ; 1983, 2013, Lara Vincy, Paris, (P).

Rétrospective : 1985, Galerie d'art contemporain, Nice; 1995, musée d'Art contemporain, Marseille ;  2010, Musée d'art contemporain, Lyon.

Lieux publics : 1995, mur de la façad de l'École des arts de Blois, 320 m_, comptant 319 plaques portant des aphorismes choisis.

Citation(s) : Il a dit (parmi un déluge verbal-écrit) :
- Je me considère comme un critique d'art et je ressens mon oeuvre comme une conséquence de la critique d'art. Pour moi, l'histoire de l'art du monde, c'est l'histoire des innovations de tous les peuples pour survivre dans la fonction artistique.

Site internet : http://www.ben-vautier.com/