CAMACHO, Jorge

né le 25 janvier 1934 à La Havane, Cuba ; 1952, abandonne le Droit pour la peinture ; 1953-1956, voyage au Mexique, dans le pays des Mayas, avec José-Luis Cuevas*; 1959, s'installe à Paris ; 1961, rejoint le groupe surréaliste*; 1968, s'intéresse à l'alchimie ; 1974, voyage d'études ornithologiques en Guyane ; 1975, 1985, au Venezuela ; vit à Paris ; 2011, meurt le 30 mars.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Photographe

Présentation : Il peint moins de cinquante oeuvres par an et de sa jeunesse  on connait  La Cacira, (1956), fond noir sur lequel se détachent des râteaux au manche interrompu de cercles et de triangles gris.
S'il rend Hommage à Miro, de Mme Mills, (2004), c'est qu'il est impressionné  au point d'adopter le vocabulaire de Miro et de le réorganiser à sa façon. Il sera donc souple et ondulant, mais dans une palette contenue même quand il s'agit de couleurs chaudes : il introduit la mort dans le surréalisme ; cendreuse, Personnage humilié, (1960), un poulet plumé, tête en bas, se vidant de son sang, jusqu'au Repos de minuit, (1972). Des scènes sadiques reprises à la comtesse de Ségur et transposées dans le monde animal, Bon petit diable, (1963) ou Madame, vous dînerez dans les ténèbres, (1964), adapté du Général Dourakine. Le crâne, la nuit, (1964),d'où jaillit un taureau qui crache un corps.
La construction change avant que ne se modifie la palette, L'Acte en or, (1968), ou L'Escamoteur, (1973), des pièces détachées occupent un intérieur gris dans lequel, apparaît un châssis ouvrant sur l'extérieur désertique, déjà visible dans Le Repos de minuit, (1972) l'une des rares toiles où figure une forme humaine. La Danse de la mort, (1976), emprunte des teintes inusuelles, à dominante pourpre ; cette toile ainsi que d'autres, est construite assez symétriquement comme un totem de pièces articulées, que l'on retrouve dans Bird of Paradise, (1980).
À compter du début des années 1980, il sort et est ébloui par le désert, Le Caprice de la mère, (1981) ; sortes de cactus composite, imaginaire ou Le Désert, (1982), rare toile à figure animale et Tombeau du soleil, (1984), paysage de la mort.
Sa palette devient  lisse, faite de bruns telluriques et de verts tropicaux, reprise aux couleurs végétales des arts décoratifs précolombiens et néanmoins, par contraste, c'est la lumière qui succède aux ténèbres.
Il puise dans une panoplie osseuse : des chapelets de tibias emboîtés limitent un espace pour aplats ; une excroissance cornue apparaît, des filaments aussi, et tout cela combiné produit une forme étrange et singulière découpée sur fond uni et modulé, héritière de ses conformations érotiques et cruelles des années 60.
La personne humaine est rarement présente dans ses toiles, construites comme un passage. L'emboîtage des pièces déchiquetées gomme la perspective sans la supprimer. Le chamanisme l'habite, et ses emblèmes, scarabée, crâne de taureau. Les articulations osseuses sont ramenées à des constructions étiques de contorsionniste dont les membres conservent la symétrie.
Les toiles plus nourries présentent le sorcier en défroque sur paysage désolé de la montagne latino-américaine. Toutes les toiles de 1992, dont des tondos, portent en elles une cible. Le désert reste sa seule inspiration ; un désert de fantaisie, dans lequel un scarabée géant affronte l'erg, La Métamorphose, (1996). Il est aussi photographe de bois déchiquetés par l'avancée des dunes dressés dans les sables d'Andalousie, documentariste des oiseaux d'Amérique centrale et fasciné par les nombrils féminins, anfractuosités que l'on peut confondre avec l'oeil d'une truie ou la fente d'une vulve.
Taure macho, (2005) comme déjà Hommage à Juan Gris, (1997), ajoute les flammes aux ondulations, comme pour vouer le tout au néant.

Expositions : 1955, Cubana, La Havane, (P) ; 1960, 1962, Raymond Cordier, Paris, (P) ; 1986, Biennale de Venise ; 1993, Thessa Herold, Paris, (P) ; 2003, Maison de l'Amérique latine, Paris, (P) et les Yeux fertiles, Paris, (P).