WOUTERS, Rik, ( Hendrick Wouters, dit )

né le 2 août 1882 à Malines, Flandre, Belgique ; fils d'un fabricant de meubles, chez qui il apprend à sculpter le bois ; 1900, commence à peindre en autodidacte, mais se consacre principalement à la sculpture ; 1900-1904, sculpture aux Beaux-Arts de Bruxelles ; 1908, reprend régulièrement la peinture ; 1911, est atteint de céphalées, annonciatrices de son mal, qui réduisent progressivement et de plus en plus fortement sa capacité de travail ; 1914, mobilisé, il gagne les Pays-Bas après la chute d'Anvers, non sans avoir au préalable, momentanément, déserté, et est interné ; 1915, premières opérations  et perte de l'oeil droit ; 1916, perd la vue en février et meurt le 11 juillet à Amsterdam des suites de la dernière opération de son cancer de la face ; 1925, sa dépouille est ramenée dans le cimetière de Boitsfort-Bruxelles.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Dans ses années d'épanouissement, à partir de 1908, et jusqu'à sa mort, il représente une rupture avec la peinture de son époque et de son pays. Il invente par les quelques toiles que son court temps de vie lui donnera de réaliser un style sui generis qui le situe au rang des créateurs. Il se sert de la couleur pure, décomposée, non en pointillé, mais en touches cézanniennes, reprenant au maître d'Aix, la solution de continuité pour faire jouer, par l'apparence du fond blanc, la lumière et la musicalité des couleurs. Femme lisant à la fenêtre, en chandail blanc, (1908, CCB), Nele au chapeau rouge, (1908-1909, XL), La Repasseuse, (1912, KMSK). La peinture n'a plus d'épaisseur, elle devient translucide comme l'aquarelle, posée, puis grattée par le couteau, ou, à compter de 1911, diluée par la térébenthine, et les couleurs vives la font chanter. Il use de toutes les variations de la "maille", de la faible densité, aux touches espacées, à la densité plus forte, aux petits points resserrés, presque en à-plats, Portrait de Mme Rik Wouters, ou Portrait de femme en blanc, (1912, MNAM) ou La Malade au châle blanc, (1915, KMSK). De l'année 1913 datent des natures mortes et des paysages qui font entracte à sa représentation de figures, Le Ravin, (1913), fauve tout court, ou Pommes et fleurs artificielles, (1913), deux versions. Ayant perdu l'usage d'un oeil en 1915, il reprend le pinceau, 17 jours après son opération, et c'est L'Autoportrait au bandeau noir, (1915, KMSK). Il est issu d'un croisement de l'impressionnisme et du fauvisme*; d'une part, par sa lumière, le plus souvent captée, de jour, dans des intérieurs qu'elle baigne comme en plein air, et, d'autre part, par son refus de 'usage conventionnel de la couleur qui s'arrache rarement aux feux parcellaires du soleil, pour plus d'opacité. On l'a nommé le Fauve brabançon* et c'est sans doute dans ses rares paysages que son cézanno-fauvisme est le plus éclatant, Paysage à Boitsort à la fenêtre ouverte, (1914, KMSK) et Paysage à Boitsfort, la fenêtre ouverte, (1914, MBABx). Par prédilection, il peint la femme, sa femme, de face ou en vue plongeante, et chante le bonheur domestique, inondé d'un soleil qui fait ciller. De ses années préparatoires, on retient qu'il est, dès 1900, sculpteur, et qu'il commence à peindre la même année dans le sillage de l'Ensor* sombre des années 1880 et de l'expressionnisme* allemand. Il détruit, chaque année, les oeuvres jugées insatisfaisantes, ne conservant que trois toiles pour 1904 et 1905 ; la plupart de celles qui demeurent de cette époque, figurèrent dans la collection de Ludo Van Bogaert, qui en 1989, en fait don ainsi que de nombreux tableaux postérieurs, au musée d'Anvers.  L'oeuvre comprend 164 toiles, de 500 à 600 aquarelles et gouaches, et créé une cinquantaine de sculptures. Le sculpteur, procédant par taille du bloc de glaise, laisse la forme pleine de facettes et de rugosités. Il donne outre une majorité de têtes et de bustes, quelques pièces majeures comme Rêverie, (1907, KMSK), Vierge folle, (1912, KL), Les Soucis domestiques, (1913, Boitsfort) reprenant une attitude proche de celle de la Pénelope de Bourdelle* en 1909, et James Ensor, (1913, MOST).

Expositions : 1912, Giroux, Bruxelles, (P).

Rétrospective : 1916, Stedelijk Museum, Amsterdam ; 1957, Musée national d'art moderne, Paris, et à Anvers ; 1966, Centre culturel, Malines ; 1994, Musée provincial d'Ostende et musée de Venlo ; 2002, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles.

Musées : Musée des Beaux-Arts d'Anvers, dix toiles de 1905 à 1916, ainsi que la donation Van Bogaert ; Musée d'Art moderne, Bruxelles, sept toiles de 1912 à 1915.

Citation(s) : Il a dit :
- L'art se transmet par influence. L'art d'un homme qui te frappe ouvre presque toujours une porte que tu avais fermée toi-même inconsciemment. Quel dommage que je ne puisse travailler, car je vois enfin clair.  (sur son lit de mort,alors qu'il est pratiquement aveugle).