POUGNY, Jean-Albert ( Ivan Puni, dit )

né le 22 février 1894 à Kouokkala, Saint-Pétersbourg, Russie, d' ascendence italienne ; 1910-1911, académie Julian* de Paris ; 1913, épouse le peintre Xana Bogoulaslavkaya ; 1915, organise successivement, à Saint-Pétersbourg, deux expositions d'oeuvres cubistes* et futuristes*, " Tramway V. " et " 0.10 "; lors de cette dernière, lance avec Malevitch* le manifeste du suprématisme*; 1919, est invité par Chagall* à enseigner à l'académie de Vitebsk, puis passe clandestinement en Finlande; 1921-1924, travaille à Berlin; 1924, se fixe définitivement à Paris ; 1956, meurt le 28 décembre Paris; est inhumé au cimetière du Montparnasse.
signatures : jusqu'en 1920, Pougny, Ivan, en cyrillique; à Berlin, 1920-1924, Puni, Iwan; à compter de 1925, Pougni, puis Pougny, Jean.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Auteur et précurseur parfois, ou inventeur de nombreuses expressions stylistiques, il pâtit de ne voir son nom lié à aucune d'elles, pressé qu'il était d'explorer la suivante. Expressionniste* de 1910 à 1914, marqué du guingois slave, Paysage avec maison, (1912, LMK) et encore Chaise aux bottines, (1930) ; cubo-futuriste*, Promenade au soleil, (1912) ; fauve*, Autoportrait, (1912, MNAM), fruste comme la paysannerie russe. Ensuite, il entre en cubisme*, l'analytique, Portrait de la femme de l'artiste, (1914, MRL), puis le synthétique, Composition à l'accoréon, (1914, MRL), mâtiné d'expressionnisme* ou Le Coiffeur, (1915, MNAM), de palette sombre, avec des titres en cyrillique et un semis de lettres et encore Autoportrait devant le miroir, (1921). Vient 1915, l'année suprématiste*, aux formes colorées sur fond bleu uni, Composition suprématiste, (1915, SMA). De 1914 à 1916, il invente des sculptures picturales, d'essence cubiste, non-figuratives*, mariant entre elles des formes géométriques, peintes en dégradé gris pour les ombrer, apportant ainsi à la troisième dimension la recette du tubisme de Léger* entamée dès 1912. Dans certaines d'entre elles, il incorpore des objets pour leur valeur plastique, marteau, tenaille, balle, Relief à la boule blanche, (1915, MNAM), comme le font Schwitters* en 1920 et Johns* en 1959. Il crée ainsi de véritables reliefs-sculptures sous verre, avec parfois des lettres, Composition, (1914, MNAM) et Composition, (1915, ibid.), au métal incurvé. C'est, avant Dada*, la découverte de l'intérêt que peut présenter un objet banal ou insolite que l'on donne à regarder et qui s'en trouve métamorphosé. Nombre de ces oeuvres ayant disparu ont été reconstituées d'après des dessins originaux. De 1914 à 1920, dans une série de linogravures, (MNAM), il fait éclater perspective et figuration sous l'influence cubiste; dans ses huiles aussi, Flight of Forms, (1919, MoMA). L'usage des lettres cyrilliques est transformé ; elles ne sont plus simple accessoire, mais, par leur agrandissement et le choix de leurs couleurs délicates, en font les éléments géométriques de la composition, Bains, (1915), Enseigne pour un tailleur, (1917), à plats, buste découpé en deux et peint décalé, La Fuite des formes, (1919, MoMA) et sa variante, MRL), Lettres, (1919, MNAM). C'est, avec les reliefs-peintures, la partie la plus originale de son oeuvre. L'influence de Maisse* le touche, pour le graphisme, le chromatisme, l'aplatissement de la perspective, Nature morte au guéridon, (1919, MRL), Violon rouge, (1919, MNAM), tout en conservant une structure rigide venue du suprématisme*, puis en étant sensible au purisme*, Composition, (1920-1921, NNG) ou Nature morte à la bouteille et à la raquette, (1923-1924). Le postcubisme est déchiqueté, 'Nature morte cubiste', (1921, MNAM). Lorsqu'il reprend le cubisme, il se contente de géométriser la réalité, d'en nier les perspectives et de la mêler au futurisme*, ' Le Musicien synthétique, (1921, NNG). À compter de 1924, et jusqu'en 1956, il se situe dans la mouvance du postimpressionnisme*, Rue de Paris, (1933-1934, MNAM) ou Course, (1956, MNAM), pochades de très petit format, informelles comme des miniatures de De Kooning*, ou surchargées, fondues et mates à la Vuillard*, dans lesquelles on distingue des plans géométrisés, Atelier, (1956, MNAM)

Expositions : 1915, Dobitchine, Saint-Pétersbourg; 1925, Barbazanges, Paris; 2005, La Russie à l'avant-garde, palais de Beaux-arts, Bruxlles, (G).

Rétrospective : 1958, Musée national d'art moderne, Paris; musées d'Albi, de Saint-Étienne et de Clermont-Ferrand; 1960, Zurich; 1965, Kunsthalle, Baden-Baden; 1993, musée d'Art moderne de la ville, Paris.

Musées : Musée Maillol, 9 oeuvres.

Citation(s) : On a dit :
- Le couleurs de la joie de voir mêlées à celles de l'inquiétude de vivre. [...] Et cela peint de main de maître, de maître ni grand, ni petit, ni moyen, de main de maître à danser, à peindre, à sourire, à aimer. (Jacques Prévert).

Bibliographie(s) : Jean-Albert Cartier, Catalogue raisonné en 2 volumes, " 1910-1923 ", et " 1924-1956 ", Herman Berninger, Wastmuth, Tubingen, respectivement en 1972 et en 1992.