RUEDA, Gerardo
né le 23 avril 1926 à Caranbachel, Madrid, Espagne ; scolarité au Lycée français ; 1942, commence à peindre en autodidacte ; 1949, études de droit inachevées ; 1963, participe à la création du Musée d'art abstrait espagnol à Cuenca, ce qui, dans un franquisme même déclinant, est incongru ; 1996, meurt le 25 mai à Madrid.
Type(s) : Artiste
Technique(s) : Peintre - Sculpteur
Présentation : En 1942, il se met à la peinture, paysages postimpressionnistes* et natures mortes cubistes*. Lorsqu'il fait de l'art son métier, ce sont d'abord des dessins linéaires à main levée, qui cherchent l'espace dans leur totale simplicité, droites et courbes s'enchainant qui restent sur un seul plan mais indiquent par leur croisement qu'il y en a plusieurs. Ils sont noirs sur blanc, en 1949 et agrémentés de scansions géométriques en couleur, en 1953. La même année, il réalise des collages sur papier froissé introduisant ainsi pour la première fois dans son oeuvre le relief; ses formes sont curvilignes, proches de Domela*. De 1955 à 1960, il crée des paysages abstraits horizontaux, des élévations architecturales aux dominantes primaires et en 1959 des tableaux en camïeu gris. entre sol et ciel, Paysage, Carabanchel, (1955), d'un dépouillement tout cistercien voire janséniste. Après cette réussite toute personnelle, il semble se reprendre, deux ans durant, hésiter et se soumettre, simultanément à diverses influences. On voit du Mathieu*, dans sa gestualité lyrique, (1956), du Geer Van Velde*, dans ses tissages de plans arachnéens, (1956 et 1957), du de Stael* quand apparait la couleur coutelée en pavés, (1957 et 1959). En 1957, il anticipe le Chillida* des entrelacs épais en demi-cercles. Ses pavés s'agrandissent et s'estompent, ils deviennent plans flottants, vibrants, dans des gris nuancés qui le rapprochent de l'expressionnisme américain, Aragon, (1960) ou Composition grise,(1960, MAM). Il vire vers le monochrome taché à la spatule vers le bord supérieur et alterne toiles en couleur franche et toiles en couleur morte, boursouflée çà et là, d'impastos, Bidassoa, (1961) ou Bleu à la limite, (1964), petits récifs dans l'infini, et jusqu'en 1966. Les peintures sont le premier pas vers un certain relief, un relief squameux qui va laisser la place à un relief architectonique. Nous somme en 1965 et il développe une série de Fenêtres, aveugles, rangées, en épaisseur, en plat, en creux, qui permettent à la lumière de jouer et de changer la vue selon l'heure et l'éclairage. En couleurs économes, Quelque chose pour Anton Webern, (1965). En blanc, Peinture blanche, (1965), en noir, Peinture noire, (1965), en monchromes tendres, Hommage à l'Informel, (1967, Musée de Cholet), titré par antithèse ironique, parallélépipèdes qui ne remplissent pas tout l'espace disponible d'un caisson, de sorte qu'on pourrait croire à un jeu de solitaire où il faut aire coulisser les pièces. Alors intervient son imagination géométrique pour varier couleurs et formes et ajuster celles-ci, la plupart du temps selon le principe positif-négatif, une pièce appelant son contraire, creux-plein, convexe-concave ; de bois, il sont profondément entaillés d'un trait de scie. Il est devenu maître en art construit*. Le bas-relief apparaît en 1966, sous forme d'emboîtage : il est devenu tridimensionnel, avec des plots cubiques, appliqués sur panneau, montrant une face de dé, ou en biseau, en diamant, toujours euclidiens et monochromes, El Jarama, (1968). En 1970, il travaille le métal et en 1976, il introduit des matériaux de récupération, comme des morceaux de cimaises moulurées. Il innove dans cette structure en sciant des rayons, comme les lignes d'un éventail, qu'il appelle Calligraphies, (1992 ou 1994) et qui la première ois consistait en un simple trait griffant le travail, (1975). Madi* n'est pas loin sauf que sa fantaisie n'adoptera jamais plus d'autre contour que le carré. Même lorsqu'il se dirige vers un assemblage de bois de récupérations, Dunes, (1992). Son art, issu du constructivisme*, il l'exerce également à, compter de 1984, en de véritables sculptures tridimensionnelles. de natures mortes, disposant des récipients regroupés, en bois teint, qui ont le charme de Morandi*. Soit qu'elles soient rigides, entassant les volumes monochromes, Sculpture rouge, (1979) ou Hommage à Pablo Lopez, (1996). Soit qu'elles soient suggestives; dans ce cas, elles sont composées de rebuts auquel il ajoute, une certaine sensibilité; avec Hommage, (1995), en agençant de vieux bidons rouillés, on ne peut imaginer qu'il n'ait songé à Morandi*; en mêlant boites de conserves altérées et base de colonette en bois, Hommage aux archéologues, (1992), il évoque l'art métaphysique.
Expositions : 1949, Revista de Occidente, Madrid ; 1956, Sala Abril, Madrid ; 1957, La Roue, Paris ; 1960, Biennale de Venise ; 1994, Thessa Herold, Paris.
Rétrospective : 1969, Edurne ; 1989, Las Alhajas de Caja, Madrid ; 1994, Musée Rufino Tamayo, Mexico ; 1995, Institut d'art moderne, Valence ; 2003, Musée d'art moderne, Ostende.