FOUJITA, Léonard Tsuguharu ( Tsuguji Fujita, dit )
,né le 27 novembre 1886 à Edogawa, Tokyo, d'une famille de samouraïs ; 1906-1910, Beaux-Arts, Tokyo ; 1913, vient en France et se fixe à Montparnasse*; épouse Ferdinande Barrey ; 1924, élu membre de l'Académie des Beaux-arts de Tokyo ; sa femme le quitte pour vivre avec Sei Koyanagui*; épouse Youki ; 1933-1950, vit au Japon ; 1937-1945, peintre officiel de guerre ; 1950, revient définitivement en France ; 1955, naturalisé français ; 1959 se convertit au catholicisme et prend le nom de Léonard en hommage à Vinci ; 1968, meurt le 29 janvier à Zurich ; est enterré à Villiers-le-Bac ; 2003, sa dépouille est transférée dans sa chapelle de Reims ; 2011, sa succession est dispersé par Me Cornette de Saint-Cyr à Paris;
Type(s) : Artiste
Technique(s) : Peintre
Présentation : Ses débuts furent éclatants, au Japon comme en France. L'empereur lui achète ; il est chargé du portrait du dynaste de Corée, et plus tard, lors de son premier séjour européen, de la décoration du pavillon japonais à la Cité universitaire de Paris. En France, il assimile l'héritage du cubisme*, Nature morte à la cuvette, (1914). Mais il est également maniériste, Jeune Fille à la rose, (1917) et encore, Renaissant, Painting from Memory, (1946). Exceptionnellement, il sculpte un bas-relief, Femme au verre et à la carafe, (1917), orientalisant. Le Portrait de Kiki de Montparnasse, (1918), lui vaut d'être remarqué et de devenir célèbre. Il réussit le syncrétisme entre la peinture orientale et celle de l'Occident, Doll an Girl, (1954) pourraient illiustrer les Malheurs de Sophie.
Il garde aux êtres comme aux choses des traits orientaux, mais il adopte la perspective de la Renaissance européenne, Les Deux Petites Amies, (1918, PPG), est dépouillé comme une estampe, avec le cloisonnement des couleurs. Dépouillement d'autant plus sensible qu'il peint sur un fond blanc, à peine rehaussés d'un fard de couleurs dans de très fines liges de contour,Youki, (1924, PPG) ou Les Deux Amies, (1926, ibid). Son trait est incisif, souple comme un fil, et il excelle à peindre, au pinceau ou à la brosse tamponneuse, pâle sur pâle, voire blanc sur blanc, dans un éclairage uniforme et aplatissant, marquant de crins noirs les cheveux, le pubis, les aisselles et le chien, ou, plus souvent, le chat emblématiques, Femme allongée, (1921, PPG), Portrait de Madame Shadbourne, (1922, AIC), au charme longitudinal symbolise peint sur feuille d'argent. Cette acuité de la ligne est au service d'un réalisme qui frôle le vérisme*, Lupanar à Montparnasse, Au salon, (1924, PPG), ou d'une naïveté* à la Douanier Rousseau, Youki, la dompteuse de lions, (1930, PPG). Il marie les corps, nus ou portraits avec les bouquets et les natures mortes, minutieuses et délicates, faites de bibelots ramassés aux Puces et de toile de Jouy, Portrait de l'artiste, (1926, MBALy), ou Portrait de l'artiste par lui-même, (1928, MNAM). Une toile hors norme, toute entière tributaire de l'Occident, Madeleine au Mexique, (1934, musée d'art moderne, Kyoto) ; elle annonce un infléchissement de la palette qui de 1937 à 1945, s'assombrit pour une peinture délibérément nationaliste, La Mort lumineuse aux îles Attu, Alaska, (1943), persévérant cependant dans la gratuité, Mon rêve, (1947, musée de Niigata), avec une certaine mièvrerie reprise à la Renaissance italienne, Painting from memory, (1946) ou une peinture poil à poil, Chat roux assis, (1930).
Revenu en France, il renoue avec sa technique originale, Soeurs, (1950), ou Le Marché aux puces, (1952), groupes éparpillés affalés dominant les échoppes au loin. Rue Daguerre, (1954) la lèpre ascétique des maisons.
Il poursuit une longue carrière qui aboutit avec des tableaux, religieux depuis sa conversion, à la Chapelle Notre-Dame de la Paix, (1965, Reims), qui est son mausolée ; son expressionnisme* orientalisant rappelle un certain maniérisme du retable d'Issenheim : des visages nipponisés aux grands fronts et aux yeux écartés signent l'origine ; les fresques se déroulent sur trois côtés de la chapelle avec une teinte dominante par panneau, bleu, gris ou beige, et de brusques solutions de continuité sans enchaînement.
II se permet un détour par le surréalisme* - peut-être est-ce une boutade?-, avec Autoportrait, (1926), dans le style des Miró* des années 25 et retrouve une manière orientale, (1964), gracile et détachée sur fond nu
Expositions : 1915, La Boétie, Paris ; 1919, Salon d'Automne, Paris ; 2007, Cubisme, l'autre rive, Maison de la culture du Japon, Paris, (G) ; 2010, Musée des Beaux-arts, Reims, (P).
Rétrospective : 2006, Musée national des arts modernes, Tokyo.
Musées : Petit Palais, Genève, 6 oeuvres. Atelier Foujita, Villers-le-Bâcle, Essonne. Musée des Beau-arts, Reims.
Lieux publics : 1964-1966, Chapelle N-D. de la Paix, Reims, avec des vitraux dont l'épaisseur du noir est exceptionnelle dans l'oeuvre.
Bibliographie(s) : Sylvie et D. Buisson, Catalogue raisonné, 2 vol. 1987 et 2001, Ed. Acr, Paris.