ROTHKO, Mark, ( Markus Rothkowitz, dit )

né le 26 septembre 1903 à Dvinsk, Lettonie, aujourd'hui Daugavpils ; 1913, émigre à Portland, Oregon, États-Unis ; acteur à Seattle ; 1921-1923, université de Yale, New-Haven, Connecticut ; 1924-1930, Art Students League, New York ; 1925, New School of Design, New York ; 1929, enseigne au Brooklyn Jewish Center ; 1935, participe au groupe the Ten* ; 1936, au Federal Art Project* ; 1938, naturalisé américain ; 1943, codéfinit les buts du Color Field* ; 1957, enseigne au Newcomb Art School de Tulane ; 1968, atteint d'un anévrisme de l'aorte ; 1969, quitte son domicile pour vivre dans son atelier ; 1970, crée une fondation pour aider les jeunes peintres en difficulté ; se suicide à New York le 25 février, en se tranchant les veines ; d'aucuns de ses proches contestent cette version et parlent de meurtre ; est enterré à East Marion ; succession litigieuse avec sa galerie.
2007, record pour un artiste de la seconde moitié du XXe siècle, White Center, de 1950, adjugé 72,8 millions de dollars.
Signature : 1940, Mark Rothko et antérieurement Markus Rothkowitz.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Sa carrière s'étale sur deux fois vingt-deux ans.
De 1926 à 1942, il est réaliste* un peu expressionniste*, un peu flou, Children around a Table, (1934, Fondarion Burna), ou (Autoportrait, (1936), aux lunettes d'aveugle et connu surtout pour ses scènes de métro, Sans titre, (1938), confinées, dans lesquelles la verticalité est celle des colonnes, des barres d'appui, des personnages debout, séparés les uns des autres, sans communication. Intérieur, (1936, NGW) situe la scène de rue dans une architecture pompéienne qui introduit la série décorative de mythologies en trophées ou en frises, Sans titre, (1941-1942, NGW).
Ensuite viennent six ans de surréalisme*, de 1942 à 1947, marqués par le Miró* des débuts, avec des motifs architecturaux, des sabliers arachnéens, des serpents immobiles, des lignes en faisceaux, des végétaux, des humains, Sacrifice,(1943, FPG), Astral Hommage, (1945, DMCH), ou Tentaches of Memory, (1945-1946, MMSF) ou Untitled, (1946, Tate).
Le deuxième volet de vingt-deux ans commence en 1947, c'est celui de l'abstraction* expressionniste' ; il réalise d'abord des multiformes : taches colorées déjà presque rangées, Sans titre, (1947), qui deviennent mur, Nº 1, ou  Multiforme, (1948), qui placent des rectangles dans une verticalité hésitante, Nº 17,(NGW) ; il s'arrête à l'horizontalité de ceux-ci dans la verticalité du tableau au format imposant. Il pose les couleurs l'une sur l'autre, les rectangles horizontaux aux contours imprécis sur le fond sans avouer d'arrière-plan ou de perspective ; les uns et l'autre travaillés pour obtenir une translucidité ; parfois en leur donnant un léger glissement horizontal ; généralement il n'y a que deux couches de couleur distinctes ; exceptionnellement il y en a plusieurs, Nº 2, jaune paille, recouvert de vert en presque totalité puis d'un rectangle blanc barré de rouge ; les huiles fortement diluées révèlent le jeu du pinceau, elles sont mates, posées par frottis, laissent voir le grain de la toile enduite d'une fine couche de colle de peau qui maintient mal les les pigments très dilués pour obtenir l'effet voulu ; elles montrent le tracé du pinceau ; les rebords de la toile, interdite d'encadrement, sont peints pour mieux coller au mur ; les châssis sont de 38 mm d'épaisseur et la toile fixées par des traverses encastrées.
Les teintes sont très claires dans les années 1950, à dominante prune dans les années 1960, très sombres dans les années 1970. Pour l'apprécier, ll faut en être enveloppé.
La Tate le comprend qui lui consacre une salle de huit toiles, prune et noir, dans la pénombre. (Ces toiles lui ont été commandées pour le restaurant des quatre saisons, Seagram, New York, mais il arrête le travail estimant que l'endroit n'est pas le meilleur pour une peinture méditative). Il se consacre à cette série en 1958 et 1959, et introduit des rectangles verticaux en ouvertures mycéniennes.
La Rothko Chapel aussi, avec ses quatorze toiles disposées dans un lieu octogonal. Ce sont des espaces spéciaux et privilégiés où les œuvres chantent à l'unisson et se renvoient l'une l'autre leurs harmoniques. Élevé dans le judaïsme orthodoxe où la représentation de Dieu est interdite, il choisit l'abstraction* pour en rendre l'équivalent, se rappelant Ex. 26,1 : "Quant à la demeure (le tabernacle), tu la feras avec dix bandes d'étoffe de fin lin retors, de pourpre violette et écarlate, et de cramoisi." Procédant à une sorte d'épiphanie de la couleur en morceaux palpitants comme des ventricule à cœur ouvert.
Viennent les dernières années, le minimalisme* de toiles de différents noirs, Nº 5, (1964, NGW) et le bicolorisme de paysages noir en haut d'une ligne ferme cette fois, gris modulé en bas, Black on Gray (1969, NGW).
Dans les années 1930, il est aussi xylographe.

Expositions :
1933, Contemporary Arts Gallery, New York (P) ; 1947, 1950, Betty Parsons (P) ; 1964, Marlborough, Londres (P) ; 1958, 1970, biennale de Venise.

Rétrospective : - 1961, Museum of Modern Art, New York ; 1962, musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 1972, musée national d'art moderne, Paris ; 1999, musée d'Art moderne de la ville, Paris.

Musées : - Tate, neuf toiles de la série des 30 Seagram Paintings, dont d'autres sont au Kawamura Memoriam Museum, du Japon et à la National Gallery of Art, Washington.
-Musée Rotjko, Daugavpils, Lettonie 

Lieux publics : 1971, Rothko Chapel, Houston, Texas, 14 toiles.

Citation(s) :
Il a dit :
- Peindre un petit tableau, c'est s'écarter de sa propre expérience, être le spectateur de sa propre expérience, comme si l'on se regardait soi-même avec des lunettes ou avec une loupe. Plus la peinture que vous faites est grande, plus vous êtes dedans. Ce n'est plus quelque chose à quoi vous donnez des ordres. Les gens qui sont émus devant mes peintures font la même expérience religieuse que j'ai faite en les peignant.

Bibliographie(s) : David Anfam, The Works on Canvas, catalogue raisonné, Tale University Press (1998).

Succession : Galerie : Marlborough Gallery, New York, exécuteur testamentaire.