BOULATOV, Erik Vladimir

né en 1933 à Sverdlosk, Oural, Russie ; 1952-1958, Beaux-arts à l'Institut Sourikov de Moscou ; 1959-1973, illustrateur de livres pour enfants ; peintre non-conformiste, ne peut exposer ; 1989, vit à New York ; 1991, s'installe à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Dans la seconde moitié des années 1960, il est non-figuratif*, opposant en diptyques des blancs sur noir et des noir sur blanc avec diagonales et dégradés. Autoportrait, (1968) s'inspire de Magritte*, une silhouette frappée en plein visage d'un petit portrait. Avec Jour de fête, (1967), il entre dans une figuration raide à la Malevitch* des dernières années.
Depuis lors, ce qui prédomine, ce sont les toiles inspirées de la photographie, sans le côté précis et illusionniste de l'hyperréalisme*. Ses tableaux " photoréalistes " sont repris, trafiqués en quelque sorte, de telle manière que l'on ne puisse se méprendre. La facture est froide, précise, mate. Horizon rouge, (1971) montre un groupe de citadins sur une plage allant vers la mer barrée d'une bande rouge et dorée, au symbole clair ;  Rue Krassikov, (1976, université de New Jersey), le panneau présentant aux promeneurs le portrait de Lénine, est centré de telle manière qu'il échappe à la fiction photographique, comme la mise en page de Cosmos soviétique, (1977), portrait de Brejnev, échappe au réalisme socialiste*. .
C'est également un lettriste* singulier; non qu'il use de la dissémination de lettre, comme tant de contemporains du cubisme*, mais parce qu'il s'appuie sur les mots (dont les caractères cyrilliques - avant qu'il ne recoure aux latins - nous rendent la convention plus forte), comme éléments de la construction du tableau, À l'unanimité, (1987, GGBâ) représente un vote du comité central, oblitéré par cette phrase répétée trois fois et posée sur la scène comme un grillage. Il entre explicitement dans la contestation politique avec des toiles au titre ambigu, Soleil levant, ou Coucher de soleil, (1989, LFIK), dans lequel les armes de l'URSS remplacent l'astre. Liberté, (1999), paraphrase de Delacroix entre deux murs de lettres capitales, rouges et bleues, en perspective contrariée, énormes, Soir noir, Neige blanche, (2000). Le lettrisme est mis au service du conceptualisme_* lorsque, fuyant dégressivement vers l'horizon elles remplacent la représentation en se contentant d'évoquer la chose, The Water Flowed, (2001), en cyrilique blanc sur fond bleu.
La figuration n'est pas pour autant abandonnée. Il use des effets de neige ou de soleil qui a fané les couleurs, Printemps dans une maison de repos des travailleurs, (1988, MNAM), pousse la perspective dans des tonalités pâles, comme le sont celles de Fenêtre, (1995, 1998) au crayon de couleur sur toile, déclinaison du blanc. La Joconde, (1997) ou Côte d'Azur, (1997) s'inspirent de la manière, en partie monochrome, de Monory*. Il se hâte de reprendre on propre style avec XXe siècle russe, (1998), dans lequel l'église au centre de la toile est biffée de XX rouges. Il présente à nouveau les nuages, les frappant d'un anneau en cyrillique, La Voute céleste, (2007). En diptyque vertical, Une grange en Normandie, (2011), vue de jour -ou de l'extérieur- et de nuot -ou de l'intérieur, à charge pour l'oeil de reonstituer l'unité de la peinture.

Expositions : 1965, Institut de Physique nucléaire, Moscou, fermée après une heure ; 1973, gal. Dina Verny,  Paris, (G), 1992, (P), et Musée Maillol, 1999, (P) ; 1977, Biennale de Venise; 1982, centre d'esthétique, Moscou, (G) ; 1984, Demaphore, New York, (G) ; 1988, Kunsthalle, Zurich, Centre Pompidou, Paris, et Institute of Contemporary Art, Londres, (P) ; 1991, 1994, Phillis Kind, New York, (P) ; 2003, 2006, gal. Tetriakov, Moscou, (P) ; 2008, 2011, Pièce unique, Paris, (P) ; 2010, Contrepoint, Louvre, Paris, (G) ; 2013, Nouveau Musée national, Monaco, (P).