DOMINGUEZ, Oscar ( Oscar Dominguez Palazon, dit )
né le 7 janvier 1906 à Laguna, Tenerife, Canaries, Espagne ; 1927, arrive à Paris pour gérer les affaires de fruit de son père ; aller et retour à Ténerife ; graphiste publicitaire ; 1934, intègre le groupe surréaliste* ; 1937, s'installe à Paris ; 1940, se réfugie à Marseille et attend l'aide de Varian Fry* ; 1941, rentre à Paris ; 1957, se suicide la nuit du 31 décembre, durant que ses amis l'attendent pour réveillonner chez Marie-Laure de Noailles*. À côté de lui, griffonné sur un papier, cette seule phrase : "Je ne peux plus me supporter" ; 1958, enterré le 3 janvier dans le caveau des Noailles* au cimetière de Montparnasse.
Type(s) : Artiste
Technique(s) : Peintre
Présentation : Première toile connue, Autoportrait à la pipe, (1926, Caisse d'épargne des Canaries, Ténerife) en marron, beiges, jaunes, classiquement expressionnisante*, habilement éclairée sur le visage. S'il a vu De Chirico*, lorsque des animaux hantent des géométries ombrées à souhait pour que mystère et onirisme puissent s'en donner à cœur joie : Rut marin, (1935) ; s'il a vu Dalí* lorsque le travail léché, réaliste, mol, place en perspective le rapprochement insolite, Machine à coudre électrosexuelle, (1934) ; s'il a vu Tanguy*, Grotte de Guanches, (1935, Sofidu) ; s'il a vu Magritte* Portrait de la pianiste Roma, (1933), bras coupés et mains sur le clavier, il n'en a copié aucun et reste le plus extravagant des surréalistes*, de génération quasi spontanée, mettant sur la toile l'association de ses rêves, par rapprochement incongrus. Souvenir de Paris, (1932, Sofidu), une évocation minuscule sur une coupe de terrain habité d'une grande fourmi. Les Niveaux du désir, (1932), cheval, cerf, visage, rocher, tout cela réduit, dirait-on, à un découpage de carton et assemblé sur un même plan. L'Autoportrait, (1933, musée Dominguez, Ténerife), apparait dans un creux minéral prolongé par une main élongée et surdimensionnée. Comme l'est jusqu'à la tentation du maniérisme, Le Couple, (1937, BEL). Il est surréaliste avant d'avoir pris contact avec le groupe. L'Ouvre boîte, (1936, musée Dominguez), ou le bateau dont la coque se défait en s'enroulant ou Lancelot, 28'' 33'/7, (1939), un œil de cyclone, habité. Et la Brouette, (1937), capitonnée de velours rouge, tenant lieu de chaise à porteurs.
En 1936, il invente la "décalcomanie sans objet préconçu", technique qui se répandra par Max Ernst* ; il s'agit d'appliquer de la gouache sur un papier, de presser plus ou moins fortement un autre papier qui, lui reçoit l'œuvre d'art ; on en voit dans Sans titre, (1954). Il participe au Jeu de Marseille, (1941), dans lequel les quatre couleurs sont remplacés par des emblèmes des préoccupations majeures ; il se réserve Freud, (MCM). Il use de cernes pour des figures statiques se détachant sur fond nu, avec un relent de cubisme*.
Suit une transition par un cubisme tardif fait de larges polyèdres : Nostalgie de l'espace, (1939, MET), souvent fortement colorés, Taureau agonisant, (1944), parfois limités aux gris : Revolver et plateau de fruits, (1949).
Depuis 1943, l'inspiration majeure est devenue picassienne, tout en longueur sur fond jaune, Taureau-sphinx, (1942), tête enchâssée dans une pyramide ; Musiciens aux masques, (1954), d'après un Picasso de 1921.(on raconte d'ailleurs que Dominguez, ayant travaillé dans l'atelier de Picasso*, faisait des toiles qu'il signait du nom du maître ou que celui-ci, amusé, signait). Il imite De Chirico, Le Plus clair du temps, (1943), Lam*, Tête de taureau, (1951), l'abstraction géométrique même, Composition, (1954). et d'autres, avec de temps en temps une toile originale qui insère, anticipe le pop* glissé dans des formes molles, Paysage aux allumettes, (1943) ou les circonvolutions d'Hundertwasser*, Portrait de Jaroslav, (1948).
La période personnelle est terminée, le météore aura duré 11 ans. Dans les années 1950, il manie une pâte épaisse répartie dans des à-plats de couleurs sombres et des frottages d'une inspiration surréaliste abstraite dans laquelle on voit parfois les formes cornues chères à Sutherland*, Nature morte au chandelier, (1950), Tauromachie, (1950), ou Tout va bien, (1955-1956).
Expositions : 1927, Cercle des arts, Ténerife, (G) ; 1933, Escuela de Bella Artes, Tenerife, (P) ; 1937, Gradiva, Paris ; 1938, Exposition internationale du surréalisme, gal. Beaux-arts, Wildenstein, Paris ; 1942, Louis Carré, Paris, (P) ; 1948, Manes, Prague, (P).
Rétrospective : 2005, musée Cantini, Marseille.
Musées : Institut d'art et de culture contemporaine Oscar Dominguez, Santa Cruz de Ténerife, la plus importante collection de l'artiste. Musée Cantini, Marseille, le coffret du Jeu de Marseille.
Lieux publics : Hôpital Sainte-Anne, Paris, fresque en collaboration, (1945)
Citation(s) : On a dit :
- Le sifflement ardent et parfumé des îles Canaries. (André Breton).
- Il peignait comme un possédé entre deux accès de dépression et deux tentatives de suicide, des tableaux surréalistes dont le contenu effrayant rappelait les écrits de Lautréamont, de Gilles de Rais ou de Sade. (Dorothea Tanning).