MILLARES, Manollo

né en 1926 à Las Palmas, Canaries, Espagne ; autodidacte ; 1955, s'installe à Madrid ; 1957, membre fondateur d'El Paso*; 1972, meurt le 14 août à Madrid.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : C'est un artiste témoin de son époque : au tragique propre à son peuple, il en rajoute car il veut signifier le moment de son histoire courbée sous le joug et coupée de l'extérieur. En 1948, il débute par des aquarelles surréalistes* à la Miró*, d'un geste lié à l'inconscient. En 1951, il découvre les Pictorafias canariens, sorte d'écriture qui trouve ses sources dans la préhistoire de son île natale ; ces signes mêmes qui, en 1953, auront crû jusqu'à des dimensions monumentales. Enfin, c'est la réminiscence des momies des premiers habitants de l'île, vues lorsqu'il était tout jeune, qui l'ont marqué et dont il va peupler ses vastes tableaux à compter de 1957, en se limitant presque exclusivement à l'emploi du noir de goudron et du blanc de chaux, Cuadro 33, (1957, MNAM), auquel s'ajoute l'ocre sombre,couleur de sang séché. Le support de ces oeuvres appelées " Serpillières " est effectivement une toile de jute, souvent crevée pour laisser voir le mur ou de fragments recousus. Les silhouettes ébauchées, très souvent cruciformes, saisissent la toile, la torture, y incorporent dans un amalgame tel qu'on ne les voit plus au premier coup d'oeil, des défroques vestimentaires, reliefs monstrueux empesés de goudron et allégés d'écriture blanche. Ces guenilles écartelées, déchirées, ligaturées, sont les sédiments dérisoires d'une humanité anéantie, Sequeros, (1961, Sofidu), Antropofauve, (1970, KM).

Expositions : 1945, Circulo mercantile, Las Palmas, (P) ; 1958, Biennale de Venise ; 1960, Pierre Matisse, New York, (P) ; 1961, Daniel Cordier, Paris (P).

Rétrospective : 1974, Centro de arte M-11, Séville ; 1975, musée espagnol d'art contemporain, Madrid ; 1982, musée des Augustins, Toulouse ; 1990, Centre d'art Reine Sofia, Madrid.

Citation(s) : Il a dit : "
- L'art suit de près le désespoir de notre temps et panse ses blessures.