WALL, Jeff

né en 1946 à Vancouver, Colombie-Britannique, Canada ; 1966, commence à photographier ; soutient une thèse sur Dada*; enseigne à l'université de Vancouver ; vit à Vancouver.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Photographe

Présentation : A compter de 1978, sur des caissons lumineux géants, (2,30, x 1,60 m), il montre des scènes qui pourraient être des instantanés banals du quotidien mais qui, en fait sont des compositions longuement méditées. La plupart du temps, le décor est un site urbain, Vancouver de préférence, et les figures des quidam recrutés pour cette pose qui ressemble à un instantané. L'oeuvre est digitalisée, retouchée par ordinateur et tirée à un exemplaire seulement, parfois deux. The Destroiyed Room, (1978), chambre dévastée minutieusement est exceptionnellement inanimée quoique faisant référence à La Mort de Sardanaple de Delacroix. Dans ses intérieurs, c'est l'évocation lointaine de maîtres antérieurs, A Venriloquist, (1990), Adrian Walker, (1992) ou Insomnia, (1994) qui renvoie à Balthus*. Mises en scène théâtrales pour des images très organisées, The Vampires Picnic, (1991), ou Dead Troops Talk, (1992), tranchées de la guerre d'Afghanistan, dans lesquels l'artificiel n'affaiblit pas l'horreur.  Il donne des scènes goyesques, comme Abondance, (1985), qui présente un caisson lumineux en extérieur cette fois, reproduisant la scène qui est l'objet d'une autre photo, The Storytell, (1986) ; il mélange des échelles de grandeur avec Géant, (1992), corps masculin, au visage féminin, dominant de sa stature michélangelesque les chalands d'un grand magasin. Il capte le ralenti, Milk,(1984), un marginal devant un mur de brique orthogonal, qui pousse sur sa boite de lait et le fait s'échapper. Tout l'oeuvre a une connotation sociale et sa technique veut remplacer le tableau-chevalet obsolète par un hybride de peinture-photo-cinéma-publicité. Paradoxalement, il suscite ujn renuveau de la figuration dans la peinture reprenant ce que la photo lui a dérobé. A l'opposé, une photo simple  comme Mimic, (1982), trois passants ignorants les uns des autres ou, quand  ca. 1989, il revient à l'image sans caisson, apparemment banale et mystérieuse, Search of Premises,  (2008) ; ici le procédé consiste à filmer la scène d'une fausse perquisition avec des policiers réels, durant une heure, à choisir la bonne image et à la refaire jouer par les mêmes policiers.  De la même année d'autres images  laissent  des gens ordinaires exister dans des situations ordinaires qu'il faut interpréter ainsi  de cet homme largement tatoué qui lance un couteau saisi dans son vol. A View from an Apartment, (2005), deux femmes dans un intérieur avec fenêtre ouverte sur le port de Vancouver.  Il dit la désespérance dans des oeuvres de 3 m. de long, dont la surface accroit le sentiment d'incommunicabilité, ou Citizen, (1996) avec son clochard endormi, ou en noir et blanc, Passeby, (1996), avec son passant qui se retourne pur en draguer un autre, ou encore Knife Throw, (2008,MNAM), le lancer de couteau de loubards. Il photographie également des natures mortes, en noir et blanc, Loggs, (2002) et fait entrer dans l'intimité de vieilles dames, Card Players, (2006), en assurant la profondeur de champ. De 1977 à 1995, il produit une cinquantaine de photos.

Expositions : 1978, Nova, Vancouver, (P) ; 1989, Les Magiciens de la Terre, Grande Halle de la Villette, Paris, (G) ; 2002, 2010, Marian Goodman, Paris, (P).

Rétrospective : 1995, Jeu de Paume, Paris ; 1996, Whitechapel Art Gallery, Londres ; 2005, Schulager, Bâle ; 2007, Museum of Modern Art, New York ; 2011, Palais des Beaux-arts, Bruxelles.

Citation(s) : Rondeau, Catalogue raisonné 1978-2004, Schaulager Bâle 2005.