FAUVES
Type(s) : Ecole
Présentation : Au Salon d'Automne* de 1905, ouvert à Paris le 18 octobre, un critique, Louis Vauxcelles, voyant Le Buste de Jean Baignères, par Albert Marquet*, présenté au milieu d'un ensemble de toiles de Camoin*, Manguin*, Marquet*, Matisse* et Vlaminck*, s'écrie : " Tiens! Donatello dans la cage aux fauves. " Le mot fait fortune et désigne, non pas une école, mais un ensemble de peintres ne formant pas de groupe, n'ayant pas de contacts, mais qui, entre 1901 et 1908, peignent d'un façon donnée. Il y a Matisse - fauve chef - et Derain* à Collioure* en 1905 ; puis en 1905 également, Vlaminck et Derain, qui peignent dans le même atelier à Chatou depuis 1900 ; mais aussi Rouault*, Marquet et Manguin, qui se sont connus dans l'atelier de Gustave Moreau ; Dufy*, Friesz*, Braque*, qui habitent Le Havre ; Puy*, Camoin. Ces artistes n'ont pas attendu d'être dénommés pour peindre fauve. Ils sont les héritiers de Van Gogh, dont une rétrospective en 1901, à la Galerie Bernheim, enchante Vlaminck :" Ce jour-là, j'aimai Van Gogh mieux que mon père. " Les fauves privilégient la couleur sur la forme, en la faisant exploser et en lui conférant une valeur symbolique arbitraire. Il s'agit de faire parler une couleur pure par rapport à une autre couleur pure voisine, sans se soucier des rapports de ces couleurs avec la réalité, appliquant le conseil de Gauguin à Sérusier : " Comment voyez-vous cet arbre? Vert? Mettez donc du vert, le plus beau de votre palette. Et cette ombre? Plutôt bleue? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible. " C'est ainsi que Sérusier peint Le Talisman, (1888, ORS), qui avec La Vision du sermon, de Gauguin, (1888, NGS), anticipent, de treize ans ces fauves à la recherche de la stridence : " Je souffrais, dit Vlaminck, de ne pouvoir frapper plus fort encore, d'être arrivé au maximum d'intensité. " Il est difficile de préciser qui fut le premier à peindre de cette manière. Vlaminck a bien déclaré : " Ce qu'est le fauvisme? C'est moi, c'est ma manière de peindre à cette époque. " Mais le plus important, de l' avis d'un chacun, c'est le doyen, Matisse. Quant à ceux qui méritent le nom de fauves, historiquement, ce sont ceux qui ont participé au salon de 1905, auxquels il faut ajouter Derain, absent. Mais, factuellement, ce sont tous ceux qui, au début du siècle, ont peint avec cette agressivité et ce non-conformisme de couleurs : Van Dongen*, par exemple, ou Rouault. La plupart des fauves ont pour marchands Bernheim-Jeune* et Ambroise Vollard*. En Allemagne, contemporaine du fauvisme, se déroulait parallèlement l'expérience expressionniste* de Die Brücke*. Influence des fauves sur les expressionnistes allemands? Kirchner*, qui antidate des toiles, semble vouloir, par là, gommer une dette. Quoi qu'il en soit, si les fauves bouleversent les conventions chromatiques plus que ls conventions graphiques, les Allemands insufflent à celles-ci un élan sauvage.
Citation(s) : On a dit :
- Le fauvisme a été pour nous l'épreuve du feu. (Matisse).