FUTURISME
Type(s) : Artiste
Présentation : Mouvement spécifiquement italien qui s'est exprimé par deux manifestes : " Le manifeste du futurisme ", publié dans Le Figaro du 20 février 1909, par Marinetti*. Il s'oppose aux valeurs du symbolisme, célèbre la société moderne caractérisées par le mouvement et la vitesse, et vante une morale sommaire de la virilité, du héros, du panache dont d'Annunzio sera une des illustrations les plus fantasques; son champ dépasse largement celui de la peinture. "La splendeur du monde s'est enrichie d'une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course, avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l'haleine explosive... une automobile rugissante qui a l'air de courir sur de la mitraile, est plus belle que la Victoire de Samothrace. [...] Nous voulons glorifier la guerre - seule hygiène du monde -, le militarisme, le patriotisme, le geste destructeur des anarchistes, les belles idées qui tuent et le mépris de la femme. "
Quelques peintres relèvent la proposition de ce premier manifeste : Boccioni*, Carrà*, Russolo*, Severini*, qui font appel à Balla*, leur aîné, pour patronner " Le manifeste technique de la peinture futuriste ", publié le 11 avril 1910, après avoir été lu, le 8 mars, au Théâtre Chiarella à Turin. Balla réclame la novation, le rejet du " bon goût ", la mort des critiques, le complémentarisme inné, à l'instar du vers libre et de la polyphonie en musique, la sensation dynamique, la destruction de la matérialité des corps parle mouvement et la lumière; il récuse les teintes bitumeuses, l'archaïsme, le nu et tout passéisme. " Le geste que nous voulons reproduire sur la toile ne sera plus un instant fixe du dynamisme universel, ce sera simplement " la sensation " dynamique elle même. ".
C'est la découverte de la chronophotographie par Étienne-Jules Marey et Edward Muybridge qui permet de décomposer scientifiquement le mouvement et de montrer ce que l'oeil ne pouvait voir. Jusque-là, le mouvement avait été peint de manière statique, dans un seul de ses états. Un peintre aussi académique et maniériste que Boldini, anticipa de près de 20 ans cette recherche avec A Montmartre, (1892, Mus. Boldini, Ferrare). Même s'il use des teintes ténébreuses, c'est bien du mouvement du fiacre qu'il 'agit dans une touche électrique.
Le futurisme* est un cubisme* en mouvement; il appelle, inconsciemment, la naissance de Dada*; celui-là veut changer l'art, celui-ci croit qu'il faut d'abord changer la société.
La toile la plus " futuriste " sera Nu descendant un escalier (1912), antérieure à l'exposition futuriste de 1912, chez Bernheim jeune ; elle est due au français Duchamp*, qui n'appartint jamais au groupe.
Le groupe se dissout en 1916, mais Marinetti, dont on a pu voir que les idées approchent celles du fascisme naissant, lance, en 1915, un troisième manifeste, " Manifeste pour une reconstruction futuriste de l'univers ", dont les tenants ne peuvent être, esthétiquement, inclus dans le mot " futurisme " : Depero*, Sironi* et d'autres.
En 1929 un nouveau manifeste, celui de l'aéropeinture*, signé par Marinetti et d'autres, met l'accent sur la nouvelle perception que la technique de l'aviation apporte dans tous les arts.
En Grande-Bretagne, le vorticisme* est partiellement contemporain de la penture de ceux qui s'étaient exprimés dans le 2e manifeste.
Rétrospective : 2014, Le futurisme italien, Guggenheim New York.