PIERRE & GILLES
Pierre, né en 1950 à La Roche-sur-Yon, Vendée, France ; enfant de choeur ; à 13 ans, chanteur de cabaret ; 1973, photographe de mode à Paris ; études de photographie à Genève.
Gilles, né en 1952 au Havre, Seine-Maritime, France ; enfant de choeur ; à 15 ans, Beaux-Arts; service militaire ; 1973, illustrateur publicitaire à Paris.
1976, se rencontrent ; 1977, travaillent ensemble dans le quartier du Marais à P aris ; 1990, s'installent au Pré-Saint-Gervais ; 1993, Grand prix de photographie de la ville de Paris.
Type(s) : Artiste
Technique(s) : Peintre - Photographe
Présentation : Démarche en bien des points analogue à celle de Gilbert et George*. À ceci près qu'ici, il s'agit de photographies peintes, donc uniques et d'une manière à ce point lisse que l'on ne peut distinguer la pellicule de la peinture et que toute l'esthétique est une quête effrénée du kitsch*.
Ils commencent avec des photos de presse, des affiches pour le Palace, (1978), boîte de nuit branchée, et un premier portrait Iggy Pop, (1977), aux yeux exorbités. Ici, le modèle s'affiche comme tel, et les Enfants des Maldives, (1982) ne différent guère des clichés classiques. Les images suivantes prennent le modèle et le transforme en symbole, Mythologie du monde de l'Inde, (1982-2000) ou Qu'est ce qu'il a de plus que moi ce negro la ? (1984), paraphrase de l'affiche Banania. Viennent une série de portraits limités au visage et au haut du buste, posés sur un tapis floral ou lithique, (1980-1986), pris en plein air à Paris ou lors de voyages. En 1982, série de photos de femmes en noir et blanc, et cependant peintes.
Un premier nu masculin intervient, Le Cow-Boy, (1978) qui est suivi de bien d'autres, Spartacus, (2006). L'environnement, l'habillage, visent désormais un kitsch démultiplié; c'est le monde des paillettes, des parcelles de gel, de verrreries transparentes, du papier d'argent. En 1987 commence la série des saints, martyrs le plus souvent, mis en situation, Saint Sébastien, La Madone au coeur blessé, (1991, FFP), reconstitution de la Macarena de Séville, en passant par Saint Jean et Saint Jacques, (1990, Frac-Aquitaine), adolescents aux filets. La retouche est invisible, comme celle des photographes à la mode des années 1930. Suivent les mises en scène, à l'aide d'objets bon marché achetés dans les marchés populaires, Tipayaphong, (2003), à la cage thoracique surpeinte, entouré d'une farandole de produits de consommation. Acteurs, travestis, loubards, saints sont ramenés à leur plus petit commun dénominateur sulpicien d'une jeunesse immarcescible : ils ont 20 ans sur Les Mariés, (1992), autoportrait, et pour toujours; ils sont environnés, parfois submergés de polystyrène, tulle, trass, etc. L'ambiguïté entre homosexualité et religion est fouillée et mise en scènes. Triomphe fascinant du " mauvais goût ". D'autant que les encadrements sont à l'avenant, faits de fleurs en papier ou de dorures maghrébines, Ganymède, (2001, FP), suite de trois oeuvres dans de lourds cadres à fronton, dorés, renaissants. Les modèles sont anonymes ou célèbres, Jeff Stryker, (1991), Hier, aujourd'hui, demain, (2000), Laetitia Casta en lavandière, Extase, (2002), Arielle Dombasle énamourée; mais aussi le grand Capitaine Nemo, (2004, FFP), François Pinault* debout, de face, aux commandes, sur fond sous-marin, entouré de ses allégories, dans un cadre de boules rouges et jaunes alternées., Bloody Amélie Nothomb, (2008). A maintes reprises ils se prennent eux-mêmes comme modèle, en mariés, (1992), en cosmonautes, (1991), en diptyques, sulfureux, Le Diable et La Mort, (1947), en rouge et vert, chacun de face tous génitoires affichés; en revanche toujours en diptyque, Autopotrait à la cigarette, (1999, FFP), en trois pièces bon chic-bon genre, ou encore leur seul visage réduit à une sorte de vanité, Kryptonite, (2001, FFP). Ils font des incursions dans la scatologie, Le Petit jardinier, (1993), arrosant ses leurs d'un jet d'urine, ou Le Petit matelot, (1997), accroupi tout habillé et déféquant; d'autres dans la mort, Mort d'Adonis, (1999), entouré de crânes, ou The Dead Song, (2004), un être en uniforme nazi porteur d'un petit squelette. Ils s'essaient à la transformation de cliché frisant l'abstraction, à dominante beige et touches vertes, dans une suite, Exil intérieur, (2001, 2002). En 2006, avec Le Petit Rimbaud, l'érotisme glisse vers une pornographie chic. Leurs chants les plus sobres sont aussi les plus beaux, frisant le photographisme* pur, Sainte Gertrude la grande, (1990), ou Méduse, (1990), d'une part et L'Aveu, (2003) ou Giuseppe Pelosi, dans lesquels il rendent la terreur des tortures. En 2009, on voit réapparaître une Vierge à l'enfant, dans l'église Saint-Eustache de Paris. En 2013, L'Oiseau Meneur, Jonathaan, danseur du Lido, s'exhibe sous des ailes de plumes.
Dans la répartition des rôles, Pierre exécute les esquisses, prend les photos, et Gilles peint le tirage à l'acrylique. Leur production se limite à une vingtaine d'images par an. Ils sont les auteur de video*, (1981-1990), relevant de la presse sentimentale féminine.
Expositions : 1982, Viviane Esders, Paris, (G) ; 1983, Texbraun, Paris, (P) ; 1984, Arc, Paris, (G) ; 1994, Art Ginza Space, Tokyo, (G) ; 1998, 2009, Jerôme de Noirmont, Paris (P).
Rétrospective : 1996, Maison européenne de la photographie, Paris ; 1998, musée des Beaux-arts, Valence, Espagne ; 1999, musée Turun Taide, Turku, Finlande ; 2000, New Museum, New York et Yerba Buena Center, San Francisco ; 2004, musées de Seoul et de Singapour ; 2005, Museum of Contemporary Art, Shanghaï ; 2007, Moscow Huse of Photography, musée russe, Saint Pétersbourg, et Jeu de Paume, Paris