MAN RAY ( Michael Emmanuel Rudnitsky, dit )
né le 27 août 1890 à Philadelphie, Pennsylvanie, États-Unis d'Amérique ; 1907, sa famille s'installe à Broolkyn ; 1908, commence à dessiner et à peindre à la National Academy of Design et à l'Art Students League, New York ; 1911, s'initie à la peinture cézannienne dans la galerie du photographe Stieglitz et à la Modern School, New York ; 1913, vit à Ridgefield, New Jersey, sa famille change de nom, il adopte le patronyme Man Ray ; 1915, fonde le groupe Dada* de New York avec Marcel Duchamp* et Picabia* et commence à photographier ; 1916, s'installe à New York ; 1921-1940, vit à Paris, y rencontre les surréalistes*, devient photographe professionnel ; 1928-1937, cinéaste ; 1940, retourne aux États-Unis et s'installe à Hollywood ; 1951, revient à Paris ; 1976, meurt le 18 novembre à Paris.
Type(s) : Artiste
Technique(s) : Plasticien
Présentation : Peintre, cinéaste, collagiste, photographe, sculpteur, aérographe, graphiste...Dans l'oeuvre foisonnante, deux dates marquent : 1913, exposition de l'Armory Show* où il découvre la modernité, et 1932, passage au surréalisme dont Le Violon d'Ingres, (1924) ou À l'heure de l'Observatoire, les amoureux, (1933), photographies retouchées qui deviennent emblématiques.
Le Photographe.
Il domine dans la photographie où il invente en 1917 une technique nouvelle, "pour obtenir un résultat doux et photographique", c'est l'aérographe, qu'il pratique jusqu'en 1920 ; First Object Aereted, (1919), illustre cette technique qui consiste à pulvériser de la gouache ou de l'encre sur un objet pour en obtenir le négatif. En 1921, il est l'auteur du portrait mondain de Rose Sélavy, alias Marcel Duchamp*. Il invente aussi, en 1921, (ou reprend à Christian Schad*), la rayographie consistant à déposer des objets sur des feuilles de papier sensible qui rendent l'image en transparence et en négatif. Gyroscope, loupe, épingle, (1922, MoMA) ou Sans titre, (1925, MNAM). Il dit être à l'origine de la solarisation, en fait inventée en 1862 par Sabatier. Photo aux yeux superposés de Marquise Casati, (1922, PMA). Il cadre de manière insolitement resserrée ses clichés, pour obtenir de très gros plans, Champs délicieux, (1922, MNAM), douze images d'objets mécaniques, ou Larmes ou larmes de verre, (1930). De profil ou de face, Liliane Roditi, (ca.1930), ténébreuse.tout autant que Romaine Brooks* ; glacé, Bona, (1955), alors femme d'André Pyere de Mandiargues. En plongée serrée, Composition au briquet de Man Ray et à la noix, (1932). En 1942, 27 photos de mannequins pour peintre dans des ébats érotiques voire sadiques, Juliet sadique, accompagnée de sa soeur Selma Browner, (1945)
Dès 1918, il photographie de manière abstraite, déformant les objets par le gros plan de sorte que l'on peine à les identifier.
L'année 1933 se passe à photographier les architectures de Gaudí à Barcelone (MNAM et fond. Dalí, Figueras), mais aussi un buste Nu, (1933) de femme, sculptural et velouté. De 1934 à 1936, il photographie des Objets mathématiques, qui n'ont plus rien à voir avec des formes de la vie réelle et qui sont proches de l'esprit constructiviste*.
Le Peintre.
il est, successivement, expressionniste*, Autoportrait, (1909); cubiste*, Le Village, (1913), ou Portrait d'Albert Stieglitz, (1913, Yale); non-figuratif* inspiré de Duchamp, The Rope Dancer Accompanies Herself with Her Shadows, (1916, MoMA) une petite silhouette de danseuse que des cordes relient à de grandes géométries colorées signifiant les poses et leur ombre successives; c'est son premier collage partiel, suivi de Revolving Doors, (1916-1917) ; il regarde vers l'Art déco*, Portrait de Kii, (1923), devient surréaliste, avec des traces à la Magritte*, se rappelle le Picabia des années 1924 ou 1935, Le Rire de rêve, (1937); se fait "pompier", Grape Fruit, (1948). Il rode beaucoup autour de Léger* lorsqu'il radicalise son tubisme en gardant la référence à la réalité, Femme assise, (1939) et La Jumelle, (1939), femme-lunettes, ou lorsqu'il reprend ses contours déchiquetés, Mythologie moderne, (1955). Dans Portrait imaginaire de D.A.F. de Sade, (1938), et Le Beau Temps, (1939), oeuvre majeure de facture surréaliste, il y a des réminiscences de De Chirico*. Il rappelle tous les peintres de son époque, sans que son style soit personnel, ni que puissent être datées ses inventions propes : "Je n'ai jamais peint un tableau récent"... Quant à ses objets, ils sont des anti-ready made*, puisqu'il intervient sur eux pour les modifier et leur donner un sens personnel; ils sont aussi délirants que leur titre, dans la pure tradition dada : Eak Bakia, (1926-1970), manche de violon et crins de chevaux, Pain peint, (1960-1966), Man Ray par Man Ray, (1935-1971), ou Cadeau, fer à repasser à clous, (1921-1963). Il se peut qu'Obstruction, (1920-1964), à base de cintres en bois, anticipe de treize ans le premier mobile de Calder*. Il est certain que Énigme, d'Isidore Ducasse, (1917-1970) précède de loin Christo*.
Il date de la prise de vue et non du tirage ; or seuls ceux de 1916 à 1930 sont des vintages* atteignant des prix fabuleux (le million dans la première moitié des années 1990). Les tirages de son vivant sont authentiques. Mais dès son décès, foisonnent les faux "rejets" conservés par un tireur indélicat, retirages de clichés non cadrés ou même cadrés. Seule la datation du papier peut apporter une certitude relaive, les retirages ayant pu être opérés sur du papier ancien. En 1940, revenant à New York, en laissant des oeuvres derrière lui, il s'inquiète de leur dsparition possible et décide de les recréer. C'est ainsi que de mêmes originaux peuvent avoir des dates différentes.
La peinture a tout précédé, de 1908 à 1915, Cézanne, le cubisme*, les nus, les natures mortes géométrisées, Arrangement of Forms, (1915), et même de grandes compositions de couleurs vives.
Expositions : 1915, Daniel, New York, (P) ; 1921, Salon Dada, gal. Montaigne, Paris, (G) et librairie Six, Paris, (P) ; 2012, Danser sa vie, Centre Pompidou, Paris, (G).
Rétrospective : 1966, County Museum of Art, Los Angeles ; 1971,Galleria Schwarz, Milan ; 1971, Musée Boymans-Van Beuningen, Rotterdam ; 1972, Musée national d'art moderne, Paris ; Philadelphia Museum of Art ; Louisiana, Humlebaek ; 1997, Musée d'art moderne et d'art contemporain, Nice.
Citation(s) : Il a dit : -Je suis un fautographe.