HAÏTI, ÉCOLE D'
Type(s) : Ecole
Présentation : Partout dans le monde on trouve des artistes naïfs*. Nulle part ailleurs qu'en Haïti, on n'en trouve une telle concentration, comme si la peinture était le moyen d'expression d'un des peuples les plus pauvres du monde.
1. Dewett Peters, américain, crée en mai 1944 le Centre d'art de Port-au-Prince et, en compagnie de Pierre Monosiet, part à la recherche des "rois mages" de la peinture. L'un des premiers a être remarqué est Hector Hyppolite*, qui fascine André Breton*. On trouve les sources de cette école dans les fresques des temples vaudou, et encore aujourd'hui, une branche de la peinture se consacre à transcrire en signes, en entrelacs, en taches, en traits, dans l'abondance du bord à bord encadrant la figure, ce qui par essence n'a pas de forme, les loas, ou esprits. Avant Deweet, une peinture existe en Haïti, moulée dans les canons occidentaux, dans une ligne naturaliste ou post-impressionniste.
2. En 1953, les forgerons se transforment en sculpteurs de métal récupéré, martelé, découpé et ajusté, à l'inititiative de Georges Liautaud*. La plupart sont regroupés à La Croix-des-Bouquets.
3. Maud Gerbès-Robard, intellectuelle haïtienne, épouse d'un chercheur en sciences naturelles, commence à peindre en 1971 avec Tiga*; elle ouvre son atelier à Nérettes, Pietonville, puis le déplace, en 1972, à Soissons-la-Montagne; ce sont les Saint-Soleil; l'objectif est de retrouver les sources de l'instinct vaudou pour remplacer la peinture naïve commerciale; tout décor est banni au profit des figures. En 1975, ils reçoivent la visite de Malraux qui leur consacre un chapitre de l' "L'Intemporel". 1979, la communauté s'effrite devant les tentations économiques. En 1990, Tiga reprend l'expérience avec les "Nouveaux Saint-Soleil".
4. A la fin du 20ème siècle on peut citer parmi les "naïfs", Alfred Altidor, né en 1952, dont les visages incisés dans les scènes narratives, rappellent la linéarité des masques nègres Rose-Marie Desruisseau, (1933-1988), tranche par la palette sourde, accordée aux scènes de la traite des noirs; Célestin Faustin, (1948-1981), animalier dans les verdures; Eddy Jacques, (né en 1957), peintre de la vie sociale, apporte une minutie toute particulière aux arbres en fleurs et en fruits; Frantz Zéphirin, (né en 1963), fabuliste, transformateur des blancs en animaux de proie placés sur d'épais tapis de fleurs; et plus de quarante autres. Parmi les thèmes dominants, celui de l'Histoire et celui du Paradis terrestre, évoqué par Tissaint, Polycarpe, Mérise, Domon et naguère par Célestin Faustin.
Expositions : 1972, musée d'Art haïtien, Port-au-Prince;
1975, société des arts du Fonds monétaire international, Washington.
Musées : espace Loas, Nice.
Citation(s) : On a dit :
- Au cœur de l'espoir haïtien blessé, dispersé, écartelé par tous les malheurs du monde, l'art naïf*, forme et couleur ou pauvre métal recyclé, das la sève émerveillée devient ferment d'âme et de rédemption. (René Depestre).
- Pourquoi la couleur surgit-elle tout à coup en Haïti plutôt qu'en toute autre île des Antilles? [...] Seul peuple de peintres. Ils ne peignent ni pour eux ni pour nous, mais por les dieux eux-mêmes. (André Malraux).