ART CORPOREL
Présentation : L'artiste qui éprouve l'impasse de sa recherche parce que plus rien n'est à inventer dans un monde saturé et blasé n'a plus qu'à être lui-même œuvre d'art. Si le mot apparaît en 1964, on pourrait lui donner comme origine Van Gogh se coupant l'oreille, ou, plus lointainement, Franz-Xavier Messerschmidt, le sculpteur viennois du XVIIIe, qui modelait ses figures en se pinçant devant un miroir et reproduisait ses grimaces. Mais les artistes qui se réclament d'art corporel ne remontent pas leur généalogie plus haut que Joannes Baader qui, en novembre 1918, prêche le salut du monde par Dada*, dans la cathédrale de Berlin, et que Marcel Duchamp* qui, en 1919, se fait tonsurer, ou encore Takis*, se suspendant au plafond par les pieds. Si le motif de la démarche peut être rapproché de celui qui produit Dada*, son résultat est encore plus radical que celui des conceptualistes*, puisque aucun support, sinon son propre corps, n'est plus requis. Encore faut-il un souvenir de cet " instant critique ". La mémoire de l'œuvre d'art sera donc un sous-produit, une photo, un film, une vidéo*, unique ou multiple. Par conséquence, Yves Klein* ne saurait relever des artistes corporels par ses peintures de femmes nues enduites de bleu, puisqu'il reste étranger par l'usage du support traditionnel; en revanche son saut dans le vide, pérennisé par la photo, en relève. Les tenants du groupe viennois s'intitulent actionnistes*. Le tatouage relève de l'art corporel; dans les années 1930, il tend à disparaître chez les peuples dits primitifs, pour apparaître chez les occidentaux dès la fin du XIXème siècle, comme signe de virilité chez les marins, prisonniers et truands. Le plus ancien témoin c'est La Dame blanche, dans les cavernes du Tassili, (7000-6000, av. J.C.).Le marquage du corps prend d'autres formes que le tatouage : scarification, brulage, élongation de la lèvre inférieure ou des lobes des oreilles, perçage. Chez les primitifs, la signification est rituelle et marque l'appartenance à un groupe ou une étape ans la vie; c'est le sens de la circoncision et, dans une autre perspective, de l'excision. Chez les occidentaux ou primitifs modernes - avec pour artisan majeur Fakir Musafar, né en 1930- c'est aussi bien la solidarité avec le groupe qui est affichée ou l'affirmation de la personnalité; celle-ci étant seulement atteinte en prenant possession de son corps; pour les adolescents, c'est un moyen comme un autre de tuer le père.L'une de ses manifestations récente, c'est l'insertion d'une puce capable de communiquer la chaleur corporelle ; eelle est due à Tim Cannon.
. L'art corporel doit être rapproché des interventions*.