MURALISME EXPRESSIONNISTE
Type(s) : Artiste
Présentation : Sous l'influence de Burri*, de Millarès*, de Tàpies* surtout, qui, dans les années 50, avaient pris le parti de montrer des fragments de murs bruts, avec leurs souillures et leurs graffitis*, et dans l'engouement du nouvel expressionnisme* figuratif et de sa palette sordide, e nombreux peintres géographiquement dispersés ont, dans les années 80, repris à leur compte cette idée, le délabrement de nos cités ne les privant pas d'inspiration. Ils montrent des oeuvres de " chevalet " dont la matière est plâtreuse, souillée d'inscriptions, et pour faire bonne mesure artistique, de graphismes intervenus sur ces murs par une création spontanée. La palette dont ils usent est uniformément limitée au noir, au gris, au blanc et à l'ocre, celle, précisément, des Nouveaux fauves*. Il y a ausi, dans les signes rapportés de cet art pariétal, comme des aide-mémoire primitifs ou une réelle entreprise de mémorialiste. L'un des premiers à développer cet art est l'Espagnol Garcia Sevilla*.
Citation(s) : On a dit : "
- Avant et après la parole, il y a le signe, le vide où nous croissons. (Émile Jabès). "
- On voyait aux différents étages des parois où des tentures étaient restées collées, çà et là le commencement d'un plancher ou d'un plafond [...] on voyait aussi tout au long du mur un espace d'un blanc sale, au mlieu duquel rampait, d'une manière atrocement écoeurante, qui évoquait le mouvement mou d'un ver ou le trajet de quelque digestion, la descente crevée et couverte de taches de rouille des cabinets. Des chemins qu'avaient suivis autrefois les conduites de gaz d'éclairage, il subsistait au bord des plafonds des traces poussiéreuses et grises [...]. Mais les murs des chambres étaient malgré tout ce qu'il y avait de plus inoubliable. La vie opiniâtre de ces chambres ne s'était pas laissé fouler aux pieds. Elle tait encore là, accrochée aux clous encore en place, enfoncée dans les bouts de plancher larges comme la main [...]. On pouvait la retrouver dans les couleurs qu'elle avait lentement transformées, année après année : le bleu changé en vert de moisissure, l vert devenu gris et le jaune un blanc usé et rance, qui commençait à pourrir. Mais elle s'était maintenue aussi sur les emplacements plus récents, autrefois protégés, derrière les miroirs, les tableaux, les armoires; car elle avait détruit, puis redessin leurs contours et elle était présente, par les araignées et la poussière, dans ces endroits cachés, maintenant à découvert. (Rainer Maria Rilke, Les carnets de Malte Laurids Brigge).