ART BRUT

Type(s) : Mouvement

Présentation : Expression créée en 1947, par Dubuffet*, pour désigner l'art de non-professionnels, enfants, malades mentaux, de ceux là mêmes qui, libres de toute culture artistique, ne peuvent être soumis au mimétisme, contrairement aux intellectuels et qui tirent d'eux-mêmes leur inspiration.
La toute première exposition d'œuvres de malades mentaux à lieu à Londres, en 1900 au Bethlem Royal Hospital. En 1905, le Dr Armand Marie à Villejuif, est le premier en France a collectionner les œuvres de ses malades. En 1946, le Dr Navratil incite ses patients de l'hôpital psychiatrique de Gugging, Vienne, à peindre. Le même démarche se produit à la Tinaïa, Hôpital San Salvi, Florence. Puis, en 1972 à l'École Mexicaine de l'art Down, située à Cyoacan, Mexico, du nom de John Langdfon Down, créateur d'une fondation pour les trisomiques. La première exposition parisienne a lieu en 1949  à l'hôpital Sainte-Anne ; ; elle est précédée, en 1947, de l'ouverture du Foyer de l'art brut, chez René Drouin et ,en 1948, de la Fondation de la Compagnie d'art brut qui réunit 5 000 pièces, souvent dues à des psychotiques ; elle est dissoute en 1951. De 1952 à 1962, la collection de Dubuffet est déposée dans la propriété d'Alfonso Ossino* à Long-Island. En 1976, elle est léguée à Lausanne. En 1950 enfin, lors du 1er Congrès mondial de psychiatrie, l'Hôpital Sainte-Anne, Paris, organise L'Exposition internationale d'art psychopathologique avec 300 artistes. Alain Bourbonnais, architecte, prend la suite de Dubuffet et collectionneur boulimique, crée la Fabuloserie à Dicy dans l'Yonne.
Dubuffet oppose l'art brut à l'art naïf* en ce que les tenants de celui-ci, sont dépendants d'un environnement culturel (comme les artistes "primitifs" d'ailleurs), voire recherchent un public, tandis que les tenants de celui-là œuvrent pour eux-mêmes, en une démarche individuelle, peu soucieuse de la critique ou des collectionneurs et usent de matériaux inédits alors que les naïfs conservent les médiums traditionnels. Ces deux arts se différencient donc plus par la démarche de ceux qui les produisent que par le style ou le résultat. L'apologie de l'art brut intervient comme une réaction aux académismes abstraits* de l'époque. En 1968, le critique américain Gregg Blasel nomme cet art "Grassroots" ; en 1972, Roger Cardinal, à Londres, emploie les mots "Ousider art*". On peut en rapprocher Présence Panchounette*.

Expositions : 1913, Bethléem Royal Hospital Bekenham, Kent ; 1949, Drouin, Paris ; 1957, musée des Arts-décoratifs, Paris ; 1970, Peintres de Gugging, Nachst St Stefan, Vienne ; 1978, ARC, Paris ; 1979, Hayward Gallery, Londres ; 2003, Jeu de Paume, Paris.

Musées : Début du XIXe : Bethléem Royal Hospital, Beckenham Kent, un millier d'œuvres ; 1919 : collection Dr Hanz Prinzhorn, hôpital psychiatrique, Heidelberg ; 1945 : préfiguration du musée d'Art brut, Lausanne, (ouvert en 1971), 60,000 œuvres ; 1952, musée des images de l'inconscient, Rio de Janeiro, 350 000 œuvres ; 1969 : petit musée du Bizarre, Villedieu, Ardèche ; 1974, département d'art psychopathologique, hôpital Sainte-Anne, Paris, 70 00 œuvres ; 1983 : Fabuloserie, Dicy, Yonne ; 1984 : collection L'Aracine, musée de Villeneuve d'Ascq, 3 000 œuvres de 150 artistes ; 1986, centre de Recherche et de Diffusion d'Art en Marge, Bruxelles ; 1989, fonds de Création Artistique Brute et Inventive, dit musée de Création fraîche, Bègles ; The Center for Intuitive and Outsider art, Chicago ; 1994 : collection Cérès Franco, Lagasse, Aude ; Museum voor Naïv Kunst en Outsider art, Zwolle, Pays-Bas ; 1995 : American Visionary Art Museum, Baltimore, 4 000 œuvres ; 1998 : The Outsider archive, Londres ; 1999 : Collection ABCD de Bruno Ducharme, France ; 2000 : Musée international des arts modestes, Sète ; 2005 : musée du Non-Faire, Neuilly-sur-Marne ; Observatoire d'Art brut, Université de Palerme ; 2014, Guggu-ing, Autriche et et Oliva Creative Factory , Madrid<>.

Lieux publics : - Palais Idéal, Facteur Cheval, Hauterives, Drôme, 1879.
- Maison Picassiette, Raymond Isidore, Chartres, 1939.
- Tour, Maurice Garcet, Eben-Ezer, Liège, 1948.
- Domaine de la Frénousse, Robert Tatin, Cossé-le-Vivien, Mayenne, 1962.
- Forteresse cosmique, Arthur Vanabelle, Steenwerck, Belgique, 1970.

Citation(s) : On a dit :
- Chacun sait que les peuples primitifs ont honoré ou honorent encore l'expression des anomalies psychiques et que les peuples de l'Antiquité n'ont pas différé d'eux sur ce point, non plus que ne le font aujourd'hui les Arabes. (André Breton).
- Ceux que l'on range aujourd'hui dans la catégorie des malades mentaux constituent un réservoir de santé morale. Il échappe, en effet, à tout ce qui tend à fausser le témoignage (...) de l'ordre des influences extérieures, des calculs, du succès ou des déceptions. (André Breton)
- Il n'y a pas plus d'art des fous que d'art des dyspeptiques ou des malades du genou. (Jean Dubuffet).
- De même que les arts sauvages, (...) l'art des fous nous apparaît comme l'expression de la liberté. (André Malraux).

Archives : Centre de documentation et d'histoire psychiâtriqu,  Hôpital San Lorenzo de Reggio Emilia.