POP ART

Type(s) : Mouvement

Présentation : Le mot est inventé par Lawrence Alloway, directeur du "I.C.A" de Londres ; il désigne le style d'artistes, principalement Anglo-saxons, ayant travaillé vers le milieu des années 50. Il y a des variantes, selon qu'il s'agit de Britanniques, les premiers apparus, ou d'Américains, les plus communément désignés comme tels, sans qu'il y ait eu entre eux de rapports organiques.
Il se situe en réaction contre l'expressionnisme* américain triomphant.
Au Royaume-Uni
Le terme est employé pour la première fois, en 1955, par deux chercheurs britanniques, Fiedler et Banham, puis repris par le critique Lawrence Alloway, en 1958 ; il ne devient usuel qu'en 1962, après que l'expression "New Realism" soit employée, par référence aux Nouveaux réalistes* français. Il qualifie les travaux des membres de l'Independent Group, qui se réunit de 1952 à 1955 à l'Institut d'art moderne de Londres et qui constitue un cénacle de réflexion. Les participants sont soucieux de trouver une alternative à l'art abstrait* alors dominant et ils imaginent de peindre comme on le fait pour des affiches publicitaires de la société de consommation.
À l'automne 1959, un groupe d'artistes ayant participé à ce cénacle entre, de conserve, au Royal College of Art. Hockney écrit : "Le succès du pop est dû au fait qu'il était tout simplement populaire par rapport à l'art qui l'a précédé, c'est-à-dire [...] l'art abstrait. [...] Le pop'art réintroduisait la figuration, ce qui était beaucoup plus intéressant pour le public.
Le succès du pop'art était lié au charme spécifique qu'exerçaient les mass média à l'époque. "Le terme désigne donc les artistes qui prélevaient dans la presse, la publicité et ailleurs des images banales dont ils se servaient pour composer des tableaux souvent par collages*, le procédé de reproduction important peu puisque le réel a moins d'importance que son image. Just What Is That Makes Today's Home So Different, So Appealing (1956, KHT) et Hommage à la Chrysler Corporation (1957, Royal College of Art), tous deux de Richard Hamilton*, servent de toiles de référence. Elles ont été précédées par Paolozzi*, You Can't Beat de Real Thing (1951, Victoria and Albert Museum).
Principaux artistes : Peter Blake*, Richard Hamilton, David Hockney*, Kitaj*, Eduardo Paolozzi.
Aux États-Unis
Vers la moitié des années 50, une réaction se dessine contre l'expressionnisme abstrait, par un retour à la figuration. La transition se fera par Jasper Johns*, Jim Dine*, James Rosenquist*, et surtout par Rauschenberg* ; la rupture par Roy Lichtenstein*, Andy Warhol*, Wesselman*, qui furent les annonciateurs des Nouveaux réalistes. Le premier nom attribué à ces artistes fut "Néodada".
En 1964, le 1er grand prix de la Biennale de Venise fut attribué à Rauschenberg, déplaçant pour la première fois l'attention de Paris sur New York. Les premières toiles remarquées sont Bed (1955), de Rauschenberg, et Flag (1955), de Johns. En 1965, le Milwaukee Art Institute présenta une exposition sous le titre "Pop'art et tradition américaine". En effet, il y avait eu, dans les années 20, deux précurseurs, Gérald Murphy*, Rasoir (1924, Dallas Museum of Fine Arts), et Stuart Davis*, Odol (1924, Andrew Crispe Gal., New York).
Quelques peintres de la banlieue de Los Angeles se disent  Chicanos*.
La France et les Nouveaux réalistes
Constitués en groupe en 1960, ils représentent un mouvement français et dans une certaine mesure niçois. Arman* accumule, César* compresse, Christo* emballe et Spoerri* piège.
Ailleurs
L'Australien Nolan* et le Belge Raveel* anticipent le graphisme des pop britanniques respectivement au milieu des années 1940 et au tout début de la décennie 50.
Dans les autres pays, ce sont plutôt des successeurs que l'on qualifie d'artistes pop : l'Allemand Klapheck*, le Suisse Stampfli*, l'Italien Recalcati*, les Français Rancillac* et Télémaque* représentent, avec d'autres, les tenants du pop, hors de la zone anglo-saxonne, et hors du groupe des Nouveaux réalistes.
Un groupe, le Cracking Art*
Il marque le départ, en 1993 à Biella, Italie, d'une deuxième génération baptisée Nouveaux Pop. Esthétiquement : dans la réaction à l'abstraction, on peut retenir deux grandes tendances.
D'une part, la baroque, avec Rauschenberg et Dine, les tragiques qui se situent dans la lignée de Schwitters* et de ses débris comme Niki de Saint-Phalle*, Villéglé*, Hains*, etc. ;d'autre part, la classique, "clean et soft ", avec Johns le sarcastique, qui se place dans la suite des ready-made de Duchamp*, avec Lichtenstein, Raysse*, Wesselman etc. Le pop influence des générations de peintres qui en sont devenus les épigones aussi nombreux qu'avaient été ceux du cubisme*.

Expositions : 1991, Pop art, Royal Academy of art, Londres ; 1992, Musée Ludwig, Cologne ; Centre d'art reine Sofia, Madrid ; 2001, Musée national d'art moderne, Paris.

Citation(s) :
On a dit :
- [Peut-être] le pop avec ses coloris criards, son imagerie vulgaire et clinquante, n'a-t-il jamais été autre qu'un camouflage forain, à la façon dont précisément les néons, les enseignes, les affiches ne sont là que pour dissimuler la désolation des suburbs. Quelque chose comme un maquillage grotesque et finalement funèbre. (Jean Clair).
- Ce qui fait le pop, c'est avant tout l'usage qu'il fait de ce qui est méprisé. (Roy Lichtenstein)
- Un art anti-sensibilité.    (Anonyme)