SALON(S)
Type(s) : Artiste
Présentation : C'est en 1663 que Colbert décide d'organiser une exposition des travaux des membres de l'académie royale de peinture et de sculpture. En 1725, ces travaux pont présentés dans le Salon carré du Louvre, d'où l'usage du mot. Le Salon est ouvert tous les deux ans. Pour être admis, il faut un avis motivé des académiciens non-exposants. Sous la Révolution, les récompenses sont décernées par un jury élu au suffrage universel et le salon est annuel. Sous l'Empire, le Salon se tient à nouveau tous les deux ans et est pris en charge par l'Institut. La révolution de 1848 supprime le jury, au nom de la liberté. Cinq mille quatre-vingt-neuf oeuvres y affluent, venant de 1 878 artistes... et en 1849 le jury est restauré, composé de membres élus par leurs pairs, mais il devient exagérément sévère. Sélection lâche et sélection restrictive alternent, mais il s'agit toujours d'une sélection officielle importante puisque, sociologiquement, c'est, en l'absence d'un commerce d'art développé, la seule occasion pour un artiste de montrer son oeuvre. À compter de 1855, le Salon quitte le Louvre pour se tenir dans le palais de l'Industrie sur les Champs-Élysées. En 1863, devant le refus d'artistes notoires comme Courbet, Manet, Daumier, Corot, Millet, l'empereur décide d'exposer dans une autre partie du palais de l'Industrie les artistes refusés ; la pièce maîtresse est Le Déjeuner sur l'herbe de Manet, entouré de 600 toiles de 300 artistes, mais cette expérience ne se renouvellera que dix ans plus tard.
Le Salon officiel, dit Salon des Artistes français ou Salon des Champs-Élysées, est pris en charge en 1881 par la Société des artistes français constituée à cet effet par Jules Ferry qui écarte ainsi du jury les fonctionnaires; le traditionalisme reste néanmoins strict. L'actuel Salon des Artistes français se réclame de l'héritage du geste de Colbert.
En 1862, une scission donne le jour à une institution privée, la Société nationale des Beaux-Arts, dite aussi Salon du Champ-de-Mars qui devient salon officiel en1890, et est, elle aussi, le reflet de l'art académique; elle expose dans un pavillon de l'Exposition universelle de 1889, au Champ-de-Mars.
Depuis 1900, ces deux derniers Salons se tiennent au Grand Palais, spécialement édifié pour la société des Artistes français. Une parenthèse dans l'après-Première Guerre, les fait se tenir au palais de Tokyo. En 1904, 7 000 oeuvres sont exposées.
Parallèlement, issus du Salon des Refusés de 1863 et de celui de 1873, ouvert à l'initiative du peintre Louis Anquetin, naissent de nombreux salons pour présenter la modernité. En 1874, la Société anonyme coopérative ouvre dans les ateliers du photographe Nadar.
En 1884, le Salon des Indépendants, avec pour devise " Sans jury ni récompense ", marque une rupture avec l'art officiel; il et créé par Dubois-Pillet, commandant de la Garde républicaine ; il est basé sur le principe de la suppression du jury d'admission et a pour but de permettre aux artistes qui ont toujours refusé d'affronter un jury ou qui ont été refusés par lui, de présentr librement leurs oeuvres au jugement du public, moyennant une cotisation. Il voit déferler chaque année plusieurs milliers d'oeuvres. Une première exposition a lieu en mai 1884, dans des baraques entre le Cours la Reine et les Tuileries, avec 403 artistes;la seconde, consécutive à la création d'une Société des artistes indépendants, a lieu en décembre au pavillon de la ville de Paris aux Champs-Élysées et regroupe 138 exposants. Aujourd'hui, ce salon se tient au Grand Palais.
À cheval sur les XIXe et XXe sècles naissent les galeries qui rendent moins indispensables les salons. En 1927, le Salon des Surindépendants, dont sont exclus pour trois ans les artistes ayant exposé dans un autre salon. En 1903, le Salon d'Automne, créé par le belge Frantz Jourdain, fonctionne avec un jury ; à la troisième admission l'artiste reçoit le titre de sociétaire et peut exposer sans aval du jury ; ce salon se veut " le salon d'extrême milieu " et devient le grand salon de l'art moderne, rival des Indépendants, où, en 1905, expsent les fauves* et où en 1907, Kahnweiler* va faire ses premières découvertes. Il se tient traditionnellement au Grand Palais. En 1944, il est appelé Salon de la Libération.
En 1941, est créé le Salon des Moins de Trente Ans , qui, en 1949 donnera le jour au Salon des Jeunes Peintres , puis, en 1953, au Salon de la Jeune Peinture. En 1959, Grands et Jeunes d'aujourd'hui, poursuit la même ambition. En 1945, s'ouvre aux Galeries Lafayette, à l'initiative de Gaston Diehl, le Salon de Mai où se défend l'abstraction* des jeunes. Le Salon des Réalités nouvelles*, créé en 1946 par Fredo Sides, mais issu d'une première exposition, en 1939, à la Galerie Charpentier, se veut dans la succession de Cercle et Carré* et d'Abstraction-Création*. Son titre estrepris à Apollinaire ; il regroupe les peintres concrets (voir Art Concret) - au sens paradoxal de l'abstraction -, non-figuratifs, qui veulent selon le mot de Kandinsky* " se libérer de l'objet ", aborder des réalités que l'on ne connaît que par leur effe de création plastique, que l'on croyait autrefois relever seulement des arts décoratifs. La règle est l'absence de tout titre pour éviter toute spéculation. Et aussi, le Salon de Mars, le Salon d'octobre, le Salon des Tuileries... La multiplication des salons suit l'accroissement des peintres (au début du siècle, on estimait leur nombre à une centaine de Parisiens, hors étrangers et provinciaux), qui lui-même succède au développement du marché de l'art. Il faut citer à part la Biennale de Paris, qui se tient de 1959 à 1985, consacrée à la promotion de jeunes, largement orchestrée grâce aux subventions conjointes de la ville et de l'État. MAC 2000, depuis 1981, fait preuve d'originalité, en réservant un espace important à 50 peintres, puis à 50 sculpteurs slectionnés, présents pour vendre. Enfin, on notera les Foires commerciales de l'Art, FIAC (Foire internationale d'art contemporain), SAGA (Salon d'Art graphique), et, depuis 1991, Découvertes, où les exposants s'engagent à ne pas vendre d'oeuvres au-dessusde 80 000 F. En 1992, est importée des États-Unis par Alain Kirili*, la mode d'exposer dans des appartements prêtés, pour pallier et les coûts des salons et la déficience des galeries.