KIM, En-Joong, Pierre

né le 10 septembre 1940 à Pooyo en Corée, sous occupation japonaise; père calligraphe; 1959-1963, Beaux-arts de Séoul dont les cours sont dispensés par la Mission étrangère de Paris 1964-1965, mobilisé comme officier sur le 38ème parallèle; 1965-1967, enseigne le dessin au petit séminaire de Séoul et se convertit au catholicisme; 1969, arrive à Fribourg, Suisse; études à l'université de Fribourg, Suisse et à l'Institut catholique deParis; 1970, entre chez les dominicains; 1971, est ordonné prêtre; 1975, s'installe à Paris.
signature : KIM E J.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Ses débuts, en 1969-1970, sont ceux du paysagisme abstrait, apparenté à Singier*, évoquant par leur foisonnement de pointillés en gerbe des feux d'artifice dans des nuits bleues. Au milieu des années 70, il structure ses toiles avec des carrés et des bandes évoquées, aux tranches desquelles le support boit des taches colorées. Il est proche alors de Sam Francis. Au début des années 80, il vient simultanément à l'éloge du blanc par la couleur, au jeu des formes géométriques, quadrangulaires inachevées, superposées irrégulièrement. Pendant une décennie. En 1983, il peut se permettre des toiles de grande dimensionet de remplacer l'acrylique par l'huile. En 1989 - mais une toile, de 1976, annonce cette manière -il conquiert son style propre d'une informalité totale, gestuelle, vivement colorée où les continents des taches sont reliés par les isthmes des filaments. Écriture sinisante déployée qui livre un message indicible. Ses huiles diluées imprègnent la plage blanche de voiles aux transparences d'ailes de papillons, violets, verts, bleus, orangé, bouton-d'or, sanguine. Les tondi de 1995 conviennent parfaitement à ce ballet de filaments colorés sur taches arrondies. Une année plus tard, il prend son envol dans de très grands formats, ceux de Fragments d'un monde inconnu (1996); il peint la toile posée sur le sol et monte dans les étages pour voir ce qu'elle donne. A compter de 1984, il conçoit des vitraux pour de nombreuses églises, après en avoir fabriqué artisanalement en collant des verres colorés.

Expositions : 1963, exposition nationale, Seoul, (G); 1965, 1967, Sin Moon Hoekwan, Séoul, (P); 1969, Migo, Fibourg, (P); 1973, Forum, Porrentruy, (P); 1973, 1977, Jacques Massol, Paris, (P); 1976, Graz, (P); 1977, Benador, Genève, (P); 1992, 1996, Fanny Guillon-Lafaille, Paris (P).

Lieux publics : vitraux dans les couvents dominicains de Fribourg, de Lucerne et de Rome; dans es églises ou chapelles Dax, Rome; Bénodet, (2000), dans l' église saint Pierre-Aumaire, Angoulême, (1989) et dans de nombreuses autres dont la basilique Saint-Julien de Brioude;  1998, Les Douze Apôtres, cathédrale d'Évry.

Citation(s) : Il a dit :
- Je peins comme un oiseau chante; c'est mon mode d'expression ni plus ni moins; c'est ma nature, n don de Dieu. On a dit :
- Il en est à ces grandes taches d'humidité sur les murs que Léonard trouvait si captivantes. On y voit ce que l'on veut : montagne, bois, vallées, ruisseaux, visages, etc. Sa peinture curieuse et savante, souvent belle, est hyponostante, voilà le mot que je cherchais, il y a de la magie dans ces couleurs blanches. (Julien Green, 24 avril 1980).
- Le père Kim me montre ses dernières aquarelles rehaussées de gouache, qui m'ont paru admirables de fraîcheur et de limpidité. Dans ces grades taches, dont le sens n'est pas plus précis que ne l'est celui de la musique, transparaît une âme innocente au service de dons remarquables. Les couleurs, je dirais plutôt les nuances, voisinent si harmonieusement qu'elles transportent ailleurs et c'est tout ce que je peux en dire. (Julien Green, 5 octobre 1980). - Quand je regarde plus attentivement certaines peintures, où je ne distingue d'abord que des taches de couleurs, je me prends à redécouvrir ce raffinement qui n'est pas dû au hasard, mais à une inspiration profonde. C'est un jeu passionnant d'apercevoir ici une vallée au flanc d'une colline neigeuse, là une rivière, là des rochers, des nuages ou des abîmes, tout ce qui est primitif; mais ce qui me touche plus qu'une autre chose dans cet assemblage de tons délicats ou violents, c'est le soupçon qui vient d'un insaisissable état d'esprit, paix, joie, inquiétude secrète et de l'exploration d'un monde intérieur, caché aux regards inattentifs, mais dont reste sensible la présence aux yeux de celui qui sait voir. (Julien Green, 31 mars 1982).
- Ici le peintre écoute en lui-même cette voix qui a ravi, dans le sens littéral, le mystique. Les couleurs demeurent un langage secret, le sens nous échappe, mais nous recevons, à travers ces sons figés en ondes lumineuses sur la toile ou le papier, le message entendu par tous s'ils veulent y prendre garde, mais écouté par le petit nombre seulement. (Julien Green, 1995).