NOLDE ( Emil Hansen, dit )
né le 7 août 1867 à Nolde, Schleswig-Holstein, Allemagne et, depuis le traité de Versailles, Danemark ; 1884-1889, atelier de bois sculpté à l'école Sauermann de Flensburg ; Arts appliqués de Karlsruhe, académie Fehr, Munich ; 1892-1898, enseigne le dessin à l'école professionnelle de Saint-Gall, Suisse ; 1898, échoue à l'examen d'entrée des Beaux-Arts de Munich ; 1899-1900, séjourne à Paris et fréquente à l'académie Julian ; 1905, passe les hivers à Berlin ; et voyage en Italie ; 1906, s'associe à Die Brücke* ; 1907, quitte Die Brücke et rejoint la Sécession* berlinoise ; 1910, quitte la Sécession ; 1911, voyage en Belgique et aux Pays-Bas ; 1913-1914, accompagne une expédition scientifique en Nouvelle-Guinée ; 1926, s'installe à Seebüll, Allemagne, près de la frontière danoise ; 1927, docteur honoris causa de l'université de Kiel ; 1937, 1 052 de ses œuvres sont confisquées par les nazis, 26 d'entre elles figurent à l'exposition d'Art dégénéré* ; 1941-1945, cas unique, se voit interdire de peindre ; il exécute néanmoins quelques petites toiles et aquarelles ; 1944, son atelier subit un bombardement ; 1946, nommé professeur par le gouvernement du Schleswig ; 1951, cesse la peinture à l'huile comme suite à une fracture du bras et peint à l'aquarelle ;1956, meurt le 13 avril à Seebüll ; est inhumé dans son jardin.
Type(s) : Artiste
Technique(s) : Graveur - Peintre
Présentation : Ses premières toiles transforment les montagnes en leur donnant le visage de gnomes chenus, Le Cervin sourit, (1894, Nolde Stiftung, Seebüll, ou NSS). Géants de la montagne, (1896, ibid.), truculents, se réunissent pour boire. A l'instar de tout grand artiste, il commence par chercher son style. Avant le lever du soleil, (1901, Ibid.), doit un fantastique à Gustave Moreau ; Mer, (1901, ibid.) à Courbet pour l'abstraction* ; Couple sur la plage, (1903, ibid.) au néo-impressionnisme* ; Paysans, (1904, musée du Schleswig-Holstein), au naturalisme.
Son séjour à Paris et sa rencontre avec Gauguin et Van Gogh sont, après quelques de maturation, déterminants. La première toile à marquer la mutation, L'Hôtel des vacances (1904, NSS), l'huile épaisse balaie la toile, les couleurs s'appliquent en dehors de toute convention de valeurs et de formes. Il devient le plus instinctif des expressionnistes* allemands, Le Peintre Schmidt-Rottluf, (1906, ibid.), Les Estivants, (1911), dans leurs rondeurs renoiresques. Sa peinture, toute en tons stridents se passe du dessin pour éclater en juxtapositions violentes, expressions de l'intensité émotionnelle de la couleur, La Femme qui fume, (1907, NSS), dans sa modération Nadja (1919, KBo), fait penser aux Fauves*. Le débridé réapparaît, Danseuses aux bougies, (1912, NSS). Simultanément, dans la même palette, le geste est plus lisse, Esprit libre, (1906, ibid.) ou Devant la clôture verte, (1907, ibid.).
Témoins de la cruauté, ses personnages ont des masques démoniaques, révélant les outrances d'êtres primitifs pleins de bruit et de fureur. L'un de ses thèmes est celui des scènes religieuses ; les êtres sont saisis en gros plans, leur contour imprécis est celui que leur assigne la couleur, La Pentecôte, (1909, NNG), ils se contorsionnent en un délire de culpabilité et d'angoisse qui va jusqu'à la bouffonnerie, Nature morte aux masques, (1911, FKM) et Le Missionnaire', (1912) ; les couleurs hurlent et sont disposées en fonction de leur équilibre réciproque sans aucune conformité avec le réel. Il reprend la leçon de Van Gogh et la déchaîne. Le noir, les teintes sombres sont là lorsqu'il faut accentuer la tragédie : Vie de Marie l'égyptienne, triptyque (1912, KH), Vie du Christ, polyptyque (1911-1912, NSS), de 9 volets. La Mise au tombeau, (1915, NSS), deux robes lappis-lazzuli prennent le pas sur un corps jaune. Paradis perdu, (1921, NSS), Adam et Eve, séparés par l'arbre, yeux écarquillés et visages défaits, sauvagerie à l'état brut. La férocité se fait morale quand il rapporte les mondanités des nuits berlinoises, 'Au café', (1911, FME).
Deux autres thèmes : les marines dramatiques qui délaissent les couleurs vives pour des couleurs profondes, 'Mer d'automne', (1910, KZ) ou Soleil tropical, (1914, NSS) et encore Grande vague déferlante, (1948, NSS). A l'opposé, les brassées de fleurs où chante l'éclatement des couleurs les plus vives, " mixed boarder " aux formes, hachées, Fleurs rouges, (1906) ou fondues, Jardin de Burchard', (1917, musée de Westphalie, Münster). Les Grands tournesols, (1928, MoMA), et Les Tournesols mûrs,, (1932, DIA), encadrent l'audace d'une toile dans laquelle ils sont rejetés en bas sous huit dixième de ciel uni, Ciel bleu et tournesols, (1928).
Son intérêt pour les arts primitifs, masques et fétiches, Figures exotiques, (1911, NSS), géométrisantes, anticipe la rencontre du 'sauvage' avec les 'sauvages', portraits, Tête, (1913, MAGS), paysages ensanglantés, Soleil des tropiques, (1914, NSS), Masques, (1920, ibid.), dont les couleurs sont juxtaposées sans séparation, Danseuse et Arlequin, (1920),. Un paysage de Marais, (1920), aux plans étalés, anticipent ceux de plaine, (1932, 1947), proches alors, de ceux de Laethem Saint-Martin*.
Entretemps, durant qu'il est interdit de peindre, il reprend l'aquarelle, Phantasiens, (1931-1935) et Tableaux non-peints, (1938-1945), qui comptent 1300 numéros, (NSS) ; la couleur est sourde, diluée dans un trait vériste.
1 356 huiles survivent; entre 1898 et 1937, il réalise plus de 500 estampes.
Expositions : 1906, Musée Folkwang, Hagen, (P) ; 1910, Kunstmuseum, Essen, (P) ; 1950, Biennale de Venise ; 1961, Palais des Beaux-arts, Bruxelles, (P) ; 2008, Musée de l'Abbaye-Sainte-Croix, Les Sables-d'Olonnes, (P) ; 2012, Danser sa vie, Centre Pompidou, Paris, (G) ; 2013, Musée Frieder Burda, Baden-Baden, (P).
Rétrospective : 1973, Wallraf-Richartz Museum ; 1995, White Chapel, Londres ; 1996, Copenhague ; 2008, Grand Palais, Paris,
Musées : Fondation Seebüll Ada et Emil Nolde, Seebüll, 541 huiles et 5 500 aquarelles et dessins ; Karl-Ludwig Museum, Cologne ; Kunsthalle, Hambourg ; Die Brücke Museum, la collection complète des estampes ; States Museum für Kunst, Copenhague, neuf œuvres.